Les Edê : une minorité du Vietnam

Qui sont les Edês ?

Les E’Dê (parfois appelés Rhadé, Rhade, Ra De, De) sont une ethnie d’environ 200 000 individus au Vietnam. Ils peuplent les provinces de Dak lak, du Gia Lai (au sud), de Khanh Hoa, et de Phu Yen. Leur langue appartient au groupe linguistique malayo-polynésien.
Les E’Dê vivent dans des villages regroupant plusieurs familles, en général cela va d’une vingtaine à une cinquantaine de maisons. Un village E’Dê s’appelle un buon. Ils construisent traditionnellement des maisons longues sur pilotis qui abritent la famille élargie. La filiation y est matrilinéaire et les enfants sont sous l’autorité de la khoa sang, d’une certaine manière la cheffe de famille qui est la plus âgée des femmes et se doit de régler les conflits internes et préserver l’héritage familial. Aussi, lorsque les hommes se marient ils vont vivre dans la famille de la femme et n’ont pas d’influence sur les décisions de la belle-famille. Si jamais sa femme venait à mourir il n’est pas rare que le veuf aille vivre avec ses sœurs.

L'agriculture chez la minorité Edê

Les productions des E’Dê sont essentiellement agricoles. Ils pratiquent l’agriculture sur brûlis, ils cultivent un brûlis durant une dizaine d’année puis le laissent en jachère et vont cultiver une autre portion de terrain. On y fait pousser des courges, du coton et toute une diversité de plantes et légumes.

Le principe de leur agriculture est la pluriculture, sur une seule parcelle de terrain il s’agit d’élever énormément de variétés différentes, se rapprochant ainsi de certains principes de permaculture.
Certains villages pratiquent la riziculture inondée, la terre est piétinée par les buffles et les hommes repiquent les plants de riz. Ces cultures ne sont possibles que dans des endroits où l’eau est en abondance.

En plus de l’agriculture, les E’Dê ont une tradition d’élevage : volailles, buffles, chèvres, porcs qui alimentent autant leur activité de vannerie qu’ils rythment les célébrations et fêtes pour lesquels on tue le bétail pour le partager.

La culture Edê au Vietnam

Le peuple Edê est connu pour être fameux en musique. Ils façonnent des gongs, tambours, flûtes qu’ils utilisent durant leurs fêtes et célébrations. Leur patrimoine culturel, transmis oralement, est très riche et compte une mythologie variée, de nombreux contes, poèmes et chansons populaires, chansons lyriques, proverbes, dictons, épopées. Toute cette richesse a été compilé par de nombreux ethnologues. Parmi les légendes les plus connues, on peut noter l’Origine de Bang Adrenh ou l’Origine de la montagne Yang Sinh. Ils sont notamment connus car leurs coutumes et culture ont été étudiées et recensées par le célèbre anthropologue Georges Condominas, spécialiste incontesté de l’Asie du Sud-Est.
Pour ce qui est de la culture matérielle, les E’Dês façonnent leurs maisons et maisons funéraires qu’ils ornent de sculptures sur bois. L’artisanat est développé mais reste pour leur utilisation personnelle. Lorsqu’ils trouvent de l’argile ils n’hésitent pas à se fabriquer bols, jarres etc… Ils sont réputés vanneurs, tisseurs et forgerons. Il n’est pas rare que durant la saison de la moisson du riz, la forge tourne sans arrêt afin de réparer et fournir les outils aux agriculteurs.

Spiritualité et éducation

La vie spirituelle E’Dê s’apparente à un certain polythéisme. Ils vouent un culte à des génies, certains ayant plus d’importance que d’autres comme celui du feu, de l’eau, du riz ou du sol. Ces génies immortels sont les garants des éléments chers aux E’Dê et essentiels à leur vie.

La route pour aller à l’école est parfois longue.

L’éducation est un défi pour les populations E’Dê, autant pour la préservation de leur différence culturelle que pour pouvoir s’intégrer à la société vietnamienne moderne sans devoir sacrifier leurs coutumes et traditions. Aussi, l’école publique étant dispensée en vietnamien, les enfants E’Dê doivent redoubler d’efforts afin de réussir et les abandons, à cause de retards accumulés faute d’une formation adéquate, en cours de cycle (collège ou lycée) ne sont pas rares.

L’association Enfants du Mékong soutient les Edê, ainsi que de nombreuses minorités ethniques au Vietnam, pour leur permettre d’accéder à l’éducation. Le système de boarding houses, petits internats où sont dispensés des cours supplémentaires, permet aux jeunes de ces minorités de rattraper leur retard et de suivre une scolarité classique.

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