Tout n’est donc pas gagné pour la démocratie en Birmanie, c’est bien cela ?
Rien n’est joué en effet et si un retour de l’armée au pouvoir est improbable, il ne faut pas pour autant écarter totalement cette possibilité tant la guerre civile est encore présente en Birmanie. Pierre-Marie Durier, analyste pour l’ambassade de France à Bangkok en 2019 et auteur de Géopolitique de la Birmanie détaillait dans notre magazine Asie Reportages le mois dernier les freins à la démocratisation du pays en ces termes : « Le premier frein, comme dans de nombreux autres pays, c’est la guerre civile, constante depuis quasiment le début de son existence moderne. Depuis l’indépendance de la Birmanie après la Seconde Guerre mondiale jusqu’à aujourd’hui, l’Etat birman n’a jamais connu la paix complète. Ce furent d’abord des guérillas communistes qui se sont battues contre le gouvernement de Rangoun, puis les fameuses rébellions ethniques dont les Karen, les Shan, les Wa ou les Kachin. Et, depuis l’an dernier, l’ouverture d’un nouveau front dans l’Etat Arakan, le même au sein duquel les Rohingya sont persécutés, où la population ethnique a pris les armes contre le gouvernement avec un niveau de violence qui ne cesse de monter. »
La paix reste donc la priorité pour la Birmanie et l’enjeu principal de ces élections. Encore aujourd’hui, malgré les nombreuses remises en cause de sa politique à l’international, Aung San Suu Kyi bénéficie encore de la confiance de 79% des Birmans selon les derniers sondages. Des Birmans réalistes qui n’ont en réalité d’autres alternatives que l’armée ou la dame.