Avec une population de presque 110 millions d’habitants et très jeune (près de 50% à moins de 25 ans), les Philippines ont réussi à limiter l’impact sanitaire du COVID 19 (autour de 4 000 personnes officiellement décédées à date).
Des mesures très strictes ont été mises en place depuis mi-mars pour limiter la propagation du virus avec la fermeture des frontières extérieures, des écoles et de tous les lieux publics, l’arrêt des transports intérieurs et l’interdiction de quitter sa ville/son village, la limitation des sorties au strict minimum (courses alimentaires et besoins de première nécessité) avec un système de pass nominatif (un par foyer), le respect d’un couvre-feu (dont l’interdiction totale de sortie pour les moins de 21 ans et les plus de 60 ans …encore en vigueur aujourd’hui !), la mise en place de checkpoint dans chaque quartier avec déploiement des forces armées, le port du masque obligatoire partout. Les Philippines ont gagné le record mondial du plus long confinement !
La population a globalement bien respecté ces mesures malgré les difficultés de vie qu’elles ont entrainées car elle est terrifiée par le virus. Le gouvernement et la presse entretiennent une véritable paranoïa et aucun discours dissident n’est autorisé. Le président a été clair sur ses intentions : « il n’y aura pas de retour à la vie normale tant qu’il n’y aura pas de vaccin » ! En attendant, le confinement laisse petit à petit la place au nouveau statut « New Normal » qui restreint les libertés individuelles.
Les familles ont perdu leur emploi du jour au lendemain et n’ayant pas d’épargne, elles ont survécu grâce à l’aide de l’état (qui a réalisé des distributions alimentaires, même si une partie de l’aide a été détournée par la corruption), des ONG et à l’entraide familiale.
Depuis août, le gouvernement allège progressivement les mesures. Toutefois, la liberté de déplacement n’est toujours pas revenue, empêchant certains jeunes de rejoindre nos centres et les villes pour étudier.
Si l’impact sur la précédente année scolaire a été limité (les cours finissant fin mars et les enfants étant en vacances d’été en avril et mai), il n’en est pas de même pour la nouvelle année scolaire. En effet, la rentrée prévue initialement début juin a été décalée à fin août puis début octobre avec l’annonce d’une reprise des cours uniquement en ligne pour tous les niveaux scolaires !
Seulement certaines écoles privées (équivalent lycée) et les universités ont commencé les cours en ligne fin août ce qui a entrainé un vent de panique parmi les jeunes. Le Ministère de l’Education a annoncé que près de 20% des jeunes ne s’était pas inscrit à l’école cette année du fait de l’impossibilité d’accéder aux cours en ligne (par manque de réseau dans leur village ou de matériel comme les ordinateurs et les smartphones). Quant aux 80%, très peu pourront objectivement suivre efficacement les cours par manque de moyen matériel, financier, d’accès au réseau internet et de soutien dans leur famille (notamment les plus jeunes).