Des sourires au milieu des poubelles
Si le Cambodge et la région de Battambang se développent, certaines familles vivent encore dans des conditions misérables.
Il y a eu seulement 274 cas déclarés en 7 mois. Aucun décès, ni aucun cas local, c’est-à-dire que toutes les personnes malades revenaient de l’étranger; d’où une grande méfiance vis-à-vis des vols internationaux et la fermeture des visas touristiques. Les consignes officielles du gouvernement sont à la distanciation, au port du masque et au lavage de main. Les écoles ont toutes été fermées et n’ouvrent qu’en montrant patte blanche sur les règles, ce qui fut notre cas. Dans les faits, dans les espaces publics et dans la rue, ces mesures ne sont pas appliquées.
Au-delà de la pandémie, le confinement a lourdement fragilisé la situation des plus pauvres. Le confinement a entraîné un chômage massif sans compensation pour les familles de journaliers, n’ayant ainsi plus de quoi se nourrir, payer eau et électricité.
Economiquement, les activités liées à l’industrie ou au tourisme sont très touchées, moins dans les campagnes. Par exemple, il y a eu une baisse de 99% des entrées payantes au temple d’Angkor Wat, avec des répercussions en cascades pour les tuk-tuk, les marchands, l’hôtellerie. Le pays est en récession pour la première fois depuis les années 90.
Le Gouvernement a fermé toutes les écoles publiques depuis mi-mars. Des solutions de cours à distance ont été mises en place sur la télévision et/ou par Facebook selon les professeurs.
Enfants du Mékong a rapidement réagi en mobilisant nos professeurs pour créer des cours à distance. D’abord par Facebook puis par GoogleClassRoom, chaque enfant reçoit leçons et exercices dans toutes les matières, du khmer à la physique en passant par l’anglais. Les professeurs répondent aux questions des élèves en ligne.
Nous faisons face aux défis suivants :
Certains élèves doivent travailler pour amener à la maison de l’argent : dans les champs, les rizières, travailleurs journaliers dans les garages, etc. Il reste peu de temps pour étudier.
Internet est très lent dans certaines zones, rendant difficiles les cours en ligne.
Ce fut un succès. Les élèves ont utilisé le téléphone des parents ou des proches. Ils ont aussi investi, parfois en travaillant, parfois avec l’aide des parrains que nous remercions ! Des polycopiés sont distribués aux élèves non-connectés, nécessitant des heures de trajet en moto ! Plusieurs Directeurs d’école ont félicité Enfants du Mékong pour la qualité des outils. « Grâce à ClassRoom il y a peu de décrochage scolaire ! » se réjouit Martin Maindiaux, Directeur Cambodge. Même si les élèves préfèrent les cours en présentiel !
Les écoles rouvrent partiellement, les Troisièmes et les Terminales en priorité. Plusieurs Centres EdM ont accueilli de nouveau, depuis le 1er septembre, les 3ème et les Terminales pour les loger et les aider à préparer leurs examens. Les primaires (grade 1 à 6) ont également pû retourner à l’école. Des incertitudes demeurent quant à la date du Bac, les dates d’entrée en Université ou Ecoles et le retour des autres grades.
Les Bambous et le personnel Enfants du Mékong ont assuré et assurent encore un travail considérable de visite des familles d’enfants décrocheurs, et ce fut une grande joie de constater que cela porte ses fruits. L’argent des parrains et des donateurs a permis, outre de payer les professeurs pour les cours en ligne, de distribuer une aide sanitaire et alimentaire plus grande. Chaque famille a reçu 50 kg de riz supplémentaires, ce qui représente la somme de 25 dollars. Des kits d’hygiène sont distribués avec davantage de savon pour les mains. Une aide spéciale permet à chaque enfant d’acheter des cartes téléphone pour avoir accès à Internet et aux cours en ligne.
La correspondance avec la France se poursuit au compte-goutte, grâce a beaucoup d’ingéniosité !
Après un arrêt total du courrier entre l’Asie et la France, nous avons recommencé à envoyer des lettres via Bangkok. Elles sont acheminées en bus, passent la frontière et sont postées depuis la Thaïlande. 100% des lettres écrites ont été postées mais le temps d’acheminement est plus long. Dans le sens inverse, arrêt complet jusqu’en juillet 2020. Depuis, maximum entre 5 et 10% du volume habituel a été reçu. Bien des lettres sont encore retenues par la Poste cambodgienne.
EdM reste en contact étroit avec les programmes.
Nous conservons le lien avec les Responsables de programmes, tels que Madame Sopa pour Bouddhism for Development, les Sœurs de Pailin, Sœur Marie-Ange à Kampot. Les visites, les distributions et le suivi se poursuivent.
Les Bambous saluent la pugnacité des enfants parrainés et des équipes khmères, ainsi que le soutien sans faille des parrains et donateurs d’Enfants du Mékong.
Après un an au Cambodge au Centre de Battambang, Isabelle nous fait part de ses rencontres de cette année. Elle met des mots sur la pauvreté intellectuelle, sur la pauvreté tout court mais aussi sur l’espérance rencontrée dans ce Centre.
Si le Cambodge et la région de Battambang se développent, certaines familles vivent encore dans des conditions misérables.