Des nouvelles du Centre de Sisophon en pleine pandémie

Voici quelques nouvelles concernant le Centre de Sisophon et ses locataires durant les derniers mois. N’ont été observés que très peu de cas de Covid-19 au Cambodge, mais l’état surprotège sa population car cela serait dévastateur si le virus se répandait dans le pays. En effet, les gens vivent les uns sur les autres et les notions d’hygiène sont très légères; beaucoup de zones n’ont même pas l’eau courante. On observe tout de même moins de gens à l’hôpital ces derniers temps pour toutes sortes de problèmes, car les notions d’hygiène de base s’améliorent dans tout le pays.

Les autorités cambodgiennes ont décidé de mettre en place, fin Mars, des mesures de précaution en plus des mesures sanitaires. La première a été de fermer les écoles et les Centres le 18 mars pour une durée encore indéterminée. Tous les jeunes sont donc retournés dans leur famille. Un retour donc à des conditions de vie précaire et au travail dans les champs avec leurs parents pour la plupart. Voir le Centre se vider a été très difficile autant pour les jeunes que pour les staffs. Néanmoins, il a fallu savoir rebondir et aider les jeunes autrement. Plusieurs projets ont pu être mis en place.

des jeunes du Centre de Sisophon retournent travailler dans les champs
des jeunes du Centre de Sisophon retournent travailler dans les champs

Des projets éducatifs pour le Centre de Sisophon

Les jeunes de Sisophon peuvent suivre leurs cours à distance
Les jeunes de Sisophon peuvent suivre leurs cours à distance

Notre priorité a été de mettre en place des cours à distance pour nos jeunes. Toute l’équipe Enfants du Mékong s’est donc mobilisée pour implémenter des cours en ligne via « Google Classroom », en complément des actions menées par le Ministère de l’Education cambodgien. Les jeunes avaient ainsi accès à des cours écrits, des vidéos et des exercices à rendre. Seulement, beaucoup des jeunes n’ont pas de téléphone dans la famille ou accès à une bonne connexion dans leur village. Certains utilisent le téléphone du cousin, de l’oncle, du voisin … pour réussir à suivre leurs cours et faire leurs devoirs au moins une heure par jour. De plus, la plupart des parents ne sont pas ou que très peu allés à l’école lorsqu’ils étaient jeunes et ne peuvent pas aider leurs enfants avec leurs devoirs. Une filleule raconte que tous les soirs, son papa l’amène en mobylette à quelques kilomètres de chez eux pour qu’elle puisse avoir du réseau et télécharger ses cours et ses devoirs !

Les jeunes sont motivés à continuer à apprendre ! Ils partagent donc leur temps entre aide à la maison et dans les rizières, puis travail scolaire. Et Martin, directeur de Sisophon, rapporte que finalement cette organisation de fortune a aussi du bon, car elle permet à des élèves plus discrets ou dissipés de faire individuellement leurs exercices quotidiennement et si un jeune n’a pas bien compris une leçon, il peut re-regarder la vidéo ou relire le cours autant de fois qu’il le souhaite. En effet, il est plus compliqué de suivre et de participer dans une classe de 30 ou 40 élèves. Cette organisation permet aussi aux staffs de repérer quel enfant travaille, lesquels travaillent moins, etc.

Des projets sociaux pour le Centre de Sisophon

L’action sociale d’Enfants du Mékong perdure, tant pour les visites de famille que pour les distributions mensuelles de parrainage. Ces dernières servent maintenant surtout à payer internet et de la nourriture pour la famille. Cela a permis de connaitre d’autant mieux les familles des filleuls, que les staffs et les volontaires ne rencontrent d’habitude pas ou très peu. Le Centre de Sisphon a aussi obtenu du gouvernement une dérogation spéciale, autorisant un groupe d’une dizaine d’élèves différents chaque jour à se retrouver au Centre. Cela permet de garder aux jeunes de garder un lien avec le centre et avec leurs amis.

Par ailleurs, une importante opération de soutien des familles des filleuls a été menée en ces temps de crise sanitaire. En Mai, nous avons distribué 50kg de riz et du matériel scolaire à chaque famille. Par la suite, l’aide a été calculée au cas par cas, en fonction des besoins précis de chaque famille. Les prix des denrées alimentaires, comme le riz ou la viande, n’ont pas augmenté dans la région. En revanche, plusieurs familles ayant des membres travaillant dans le secteur touristique dans la zone d’Angkor Wat, dans l’industrie textile à Phnom-Penh ou bien encore dans les usines thaïlandaises, ont fait face à une perte conséquente de revenus.

UIne dizaine de jeune se regroupe quotidiennement pour travailler, et garder un lien social
Une dizaine de jeune se regroupe quotidiennement pour travailler, et garder un lien social
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On espère que les centres pourront rouvrir bientôt, à défaut des écoles. On entrevoit une possibilité de réouverture en Septembre ou en Octobre, sous condition de respecter scrupuleusement certaines normes d’hygiène (prise de la température, désinfection fréquente, distanciation social dans les salles de cours et dortoirs, etc.). Il y aurait des contrôles extérieurs réguliers et si un des Centres Enfants du Mékong ne respecte pas correctement toutes ces mesures, tous les Centres de l’ONG devront fermer leurs portes ! Cela va donc demander une sacrée organisation pour mettre toutes ces mesures en place et les faire respecter par les jeunes !

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Aude de Serrant
Aude de Serrant Chargée de pays Cambodge Contact