Des foulards pour des femmes qui le valent bien !

Au Cambodge, dans la province de Banteay Meanchey, un projet d’économie solidaire et sociale est né autour d’une tradition presque perdue : le tissage de la soie. Ce projet permet à une cinquantaine de femmes de vivre et d’élever leurs enfants décemment.

Femme tissant la soie au Cambodge
Femme tissant la soie au Cambodge

« Autrefois, les femmes tissaient la soie ici ! » C’est par cette phrase, qu’il y a plus de 20 ans, Nékrou a attiré l’attention de Philippe Pougnadoresse. Alors en mission de volontariat pour l’association Enfants du Mékong, le jeune homme écoute la vieille femme lui raconter ce que fut sa vie avant la guerre, les Khmers rouges et la famine. Avant que la culture ne soit déclarée arme de propagande et anéantie, ainsi qu’éliminés tous les détenteurs d’un savoir-faire qui « polluait » le peuple khmer.

Nékrou est une survivante et dans le Cambodge d’après-guerre, elle rêve de faire revivre cet art du tissage de la soie qu’elle avait souvent observé chez ses aînées. En 2001, le projet des Soieries du Mékong voit le jour porté par les associations Espoir en soie et Enfants du Mékong. Au-delà de la sauvegarde d’un patrimoine culturel du Cambodge, les associations discernent rapidement dans ce projet qui s’adresse aux femmes un moyen d’offrir à celles-ci les clefs de leur autonomie.

Exode rural

Femme de dos devant un métier à tisser au Cambodge
Derrière un métier à tisser la soie au Cambodge

Au début des années 2000 et encore aujourd’hui, la première cause de l’exode rural au Cambodge est la recherche d’emploi. En 2012, une étude du Fond des Nations unies pour les populations (UNFPA) révélait que 40% des habitants de la capitale étaient issus de l’exode rural.

Appartenant principalement à la tranche d’âge des 15-29 ans, les jeunes quittent leur village en quête d’un travail. Ils y abandonnent une population vieillissante ou très jeune, condamnant ces territoires à s’appauvrir toujours plus.

Côté ville, l’eldorado espéré se révèle souvent un lieu où la densité de population exacerbe les inégalités et ghettoïse les plus pauvres. Il faut trouver une solution à ce schéma d’accroissement de la pauvreté endémique. Outre l’instruction grâce au parrainage scolaire, c’est en réhabilitant cet art du tissage de la soie que l’association a rendu au village de Banteay Chhmar une attractivité économique pour une cinquantaine de famille.

Une vie meilleure

Chinda est l’une des toutes premières tisserandes à avoir été formées en 2001 par Nékrou. A 55 ans, aujourd’hui parmi les plus expérimentées, elle est responsable de l’atelier de Soieries du Mékong. « Je suis heureuse de pouvoir travailler près de ma maison et des miens », nous confie cette mère de famille. Sans l’atelier, Chinda n’aurait peut-être pas pu rester dans son village.

Métier à tisser la soie au Cambodge
Métier à tisser la soie au Cambodge

Vannsy, quant à elle, est arrivée à l’atelier en 2005. Aujourd’hui, elle a économisé grâce à son travail régulier et a investi dans un lopin de terre pour faire pousser du riz. Vannsy et sa famille ont ainsi acquis plus d’autonomie.

Pour Tum aussi, les Soieries du Mékong ont été une chance inespérée. Cette mère de famille avait l’habitude de laisser les siens pour traverser la frontière et partir travailler en Thaïlande. Pendant 5 ans, Tum a travaillé sur des chantiers sans pouvoir rentrer chez elle. Aujourd’hui, grâce à son activité de tisserande, elle peut vivre en famille et s’assurer des revenus stables.

Métier à tisser la soie au Cambodge
Métier à tisser la soie de Soieries du Mékong au Cambodge

La jeune génération aussi profite de ce nouveau dynamisme insufflé au village, sans avoir à s’éloigner pour s’installer en ville. Lolork est une jeune fille de 23 ans. Après avoir abandonné l’école pour travailler dans les champs, elle n’avait que peu d’opportunités de travail. Les emplois de journalière dans les plantations locales se succédèrent. Souriante, la jeune fille affiche un visage tout rond et murmure, mal assurée : « Grâce aux Soieries, j’ai un travail ! » Ce n’est pas plus compliqué que cela.

Aujourd’hui, pour toutes ces femmes, le tissage représente avant tout un avenir serein, loin des inégalités de la ville, des angoisses des travailleurs journaliers et plus proche de leur famille. Un travail qui ne nécessite pas de partir et permet de s’occuper de ses enfants et de les envoyer à l’école. Telle est la philosophie de Soieries du Mékong, l’engagement d’Enfants du Mékong et la conviction de tous ceux qui, quand ils achètent un foulard, rendent la vie de ces femmes plus belle !

Retrouvez tous les produits de Soieries du Mékong en vente sur le site www.soieriesdumekong.com

Pour une association comme Enfants du Mékong dédiée dans ses statuts au secours de l’enfant pauvre et souffrant en Asie du Sud-Est, la situation des femmes est une problématique évidente. Secourir un enfant sans prendre en considération la famille dans son ensemble serait impossible ou du moins infructueux. Encore aujourd’hui au Cambodge, de nombreux parents abandonnent leurs enfants pour aller travailler en Thaïlande. Malheureusement sur place, les femmes subissent souvent l’exploitation de réseaux illicites ou d’usines textiles peu regardantes sur le droit du travail.

C’est dans ce contexte qu’Yves Meaudre, alors directeur d’Enfants du Mékong et Bruno de la Maisonneuve, président de l’association Espoir en Soie, fondent « l’Ecole de la Soie » en 2001 sur les berges des douves du temple angkorien de Banteay Chhmar. L’école devient quelques années plus tard l’entreprise Soieries du Mékong.

A l’heure de l’économie sociale et solidaire, ce projet non seulement réintroduit le savoir-faire du tissage de la soie, mais il forme également des femmes au tissage et leur permet d’acquérir un métier à tisser et de vivre de la vente de foulards à l’international. Elles sont déjà plus de cent femmes à avoir aujourd’hui accès à l’indépendance et à des conditions de vie meilleures.

Damien Verny, directeur Asie

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Damien Verny
Damien Verny Direction Action Asie