Pho Cap, une école pas comme les autres

Rencontre avec Blanche Renoul, responsable Sud Vietnam pour Enfants du Mékong.

 

Pho Cap se situe au Nord Est d'Ho Chi Minh
Pho Cap se situe au Nord Est d’Ho Chi Minh

Tu t’es rendue récemment dans une école un peu particulière à Pho Cap, soutenue par Enfants du Mékong. Qu’est-ce que cette école a de particulier ?

« L’école primaire de PHO CAP et a été fondée en 2001 dans une maison abandonnée par trois enseignants vietnamiens, dont Doan, l’actuelle directrice. Ecole privée, sa vocation est d’accueillir ceux que j’appellerais les « non-désirés » : des enfants issus de familles trop pauvres pour être admis à l’école publique ; des enfants dans des situations familiales compliquées (familles monoparentales, enfants abandonnés par leurs parents aux grands-parents, enfants orphelins …) ; et enfin des enfants porteurs de handicaps divers (retards mentaux, troubles du comportement comme l’hyperactivité ou l’autisme…). Tous ont des histoires lourdes. Cette école vient leur offrir un cadre protecteur, un bon repas par jour, et une scolarisation adaptée à leur situation.

Les élèves en plein cours ! ©Enfants du Mékong
Les élèves en plein cours ! ©Enfants du Mékong

Sans elle, ils seraient livrés à eux-mêmes car personne pour s’occuper d’eux la journée … et bien souvent, ce serait très dangereux !

L’ambiance qui règne dans cette petite école est très particulière : on y est très à l’étroit, les enfants sont tous les uns sur les autres, mais la joie pétille partout ! C’est une impression générale de débordement de vie ! L’autre particularité tient en la personnalité de Doan, la fondatrice et directrice et Lieu, son acolyte (la 2e professeur). A leur contact, j’ai ressenti avec force le dévouement profond de ces femmes pour « leurs » enfants. Les gestes de tendresse lors de la récréation sont nombreux, elles sont maternelles et chaleureuses, et les enfants ne s’y trompent pas … On ressent une vraie confiance de leur part. Quand elles vous parlent de certains enfants, elles sont émues, et ne cachent pas leur peine face aux situations difficiles. Des vraies tutrices pour les 130 enfants accueillis !

Je soutiens cette école !

De manière générale, quelle est la situation du handicap au Vietnam ?

Cela dépend énormément de chaque région, néanmoins globalement on peut dire que les personnes handicapées sont souvent abandonnées par leurs parents, ou livrées à elles-mêmes, sans soin ni suivi d’aucune sorte. De plus il y a encore une vision très négative du handicap en Asie, et au Vietnam également : dans certaines familles cela est vu comme une punition.

Dans les familles pauvres, nous constatons souvent que le jeune handicapé va être laissé toute la journée à la maison pendant que les parents travaillent, et ne sera pas suivi médicalement. Parfois même, nous découvrons ces enfants et jeunes attachés comme des animaux. Les parents ont honte ou n’ont pas les moyens d’accompagner leur enfant. Structurellement, il y a peu de structures d’aide.

C'est l'heure de la pause ! ©Enfants du Mékong
C’est l’heure de la pause ! ©Enfants du Mékong

Comment l’action d’Enfants du Mékong va pouvoir aider ces enfants ?

Au Vietnam, nous soutenons beaucoup d’écoles dites « d’affection » c’est-à-dire d’écoles privées (comme l’école de Pho Cap). Ces écoles viennent scolariser des enfants très pauvres comme des enfants porteurs de handicap. Les parrainages collectifs qui permettent de financer ces écoles sont donc un excellent moyen d’encadrer et de soutenir ces enfants, en permettant qu’ils ne soient pas livrés à eux-mêmes durant la journée.

Une partie des écoliers de Pho Cap ©Enfants du Mékong
Une partie des écoliers de Pho Cap ©Enfants du Mékong

Certaines rencontres sur ce programme t’ont particulièrement marquée ?

Si je dois parler d’un enfant accueilli à l’école, j’évoquerais Tuan Vu. Ce petit bonhomme de 10 ans vit dans un taudis fait de bric et de broc, sur un terrain vague. Le quartier environnant est très chic, plein de maisons gigantesques avec piscines et plusieurs voitures … le contraste est saisissant ! Dans ce logement complètement insalubre, sans eau courante ni électricité, vit Tuan Vu, son demi-frère et ses grands-parents qui travaillent encore sur les chantiers malgré leur grand âge. La maman de Tuan Vu a eu 3 enfants de pères différents.

Fin de la journée : il est l'heure de rentrer dormir ! ©Enfants du Mékong
Fin de la journée : il est l’heure de rentrer dormir ! ©Enfants du Mékong

Le papa de Tuan Vu est mort du sida et il y a quelques mois la maman de Tuan Vu également. Le dernier demi-frère l’a également et a été accueilli dans un centre. Quant à Tuan Vu, il n’est heureusement pas atteint mais a un retard mental et est accueilli tous les jours à l’école. C’est un petit garçon joyeux et joueur. Les grands-parents font face courageusement, quelle leçon ! »

Et pour terminer, découvrez en vidéo la classe de Pho Cap :

Je soutiens cette école !