Philippines : le tabou de l’inceste

Sur l’archipel des Philippines, chaque année des milliers d’enfants sont victimes de violences sexuelles au sein de leur propre famille. Un phénomène social, mais aussi culturel caché sous une chape de silence et de honte.

PAR ANTOINE BESSON

AVERTISSEMENT : Cet article contient des descriptions détaillées sur l’inceste aux Philippines, un sujet délicat et difficile. Nous suggérons un accompagnement adulte pour les jeunes lecteurs.

« Je suis ici car je suis une survivante »

Menue, le regard baissé, Tala [le prénom des témoins a été changé, NDLR] hésite à raconter les horreurs qu’elle a subies, les violences qu’on lui a infligées et qui font aujourd’hui l’objet de poursuites judiciaires.

Recueillie à Bethany home dans la ville de Butuan, un refuge pour les jeunes filles mineures victimes de violences sexuelles, tenu par les Sœurs Missionnaires de Marie, la petite fille de 10 ans originaire de la ville de Gingoog a du mal à se rappeler. Elle avait 5 ou 6 ans et vivait chez sa grand-mère avec le frère de sa mère. Difficile de se souvenir de la date à laquelle son oncle, de 20 ans son aîné, a frappé à sa porte pour la première fois, ivre et sous l’emprise de drogues. L’enfant qui s’exprimait jusqu’ici en anglais passe naturellement au cebuano, la langue régionale de cette partie de l’archipel, pour raconter son histoire.

Une histoire d’abus et de violences douloureusement courante aux Philippines. « Il m’a entraînée dans sa chambre et s’est mis à jouer avec mon corps. J’ai crié, mais personne ne m’a entendue ce jour-là. » Tala n’a personne à qui se plaindre : son père est en prison pour violences domestiques, sa mère travaille comme femme de ménage en Arabie Saoudite. Son environnement familial se résume à son bourreau, cet oncle adepte du shabu – une drogue répandue aux Philippines à base de méthamphétamine surnommée la « cocaïne du pauvre » – et sa grand-mère totalement dépassée, coutumière des jeux d’argent. Il y a aussi sa sœur cadette, Jessica, plus jeune d’un an, elle aussi victime des assauts pervers de son oncle.

Considérées par leur entourage comme une charge indésirable, les deux fillettes sont tantôt hébergées chez leur grand-mère, tantôt confiées à des parents plus ou moins proches. « Certains jours nous ne mangions pas et nous étions forcées de mendier dans la rue », se souvient timidement Tala. C’est la meilleure amie de sa mère, Jade, qui mettra un terme à leur enfer en les recueillant chez elle et en alertant leur mère à l’étranger. Celle-ci ne peut rentrer aux Philippines, mais porte plainte et obtient le placement de ses deux filles à la Bethany home par le ministère des Affaires sociales et du Développement (DSWD), les services sociaux philippins.

À côté de Tala, Diwa, 15 ans, porte des lunettes rondes qui lui mangent une partie du visage. Elle arbore un grand sourire confiant en façade. On jurerait une adolescente comme les autres. Pourtant, à 11 ans, Diwa a été violée à de multiples reprises par son beau-père entre 2019 et 2022. Elle pleure tout en détaillant avec précision les sévices qu’elle a subis. « Je me sens nerveuse quand je repense à mon histoire, je ne sais pas pourquoi », s’excuse innocemment Diwa comme si elle devait porter la honte d’un crime devenu douloureusement banal dans son pays.

Une jeune victime est invitée lors de sa thérapie a exprimer ses émotions par les gestes et la parole. Une méthode peu orthodoxe développée par l’association Preda pour libérer les jeunes victimes du traumatisme qu’elles ont vécu.

7 MILLIONS DE VICTIMES

Car les histoires de Tala et Diwa ne sont pas rares aux Philippines. Sur 115 millions d’habitants, « près de 7 000 000 d’enfants sont victimes de violences sexuelles chaque année aux Philippines », constate l’association Caméléon qui développe une approche globale pour agir sur les causes et les effets des violences sexuelles à l’égard des enfants en France et aux Philippines.

Un chiffre préoccupant dans un pays extrêmement jeune : 52 % des Philippins ont moins de 24 ans. Parmi ces victimes, 20 % ont moins de 6 ans et 33%ont subi des violences de la part d’un membre de leur famille, soit 2 300 000 victimes d’inceste. C’est 14 fois plus qu’en France où la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) recensait 160 000 cas d’enfants victimes de violences sexuelles chaque année dans son rapport rendu public le 20 novembre 2023.

Malgré l’ampleur du phénomène, « aucun chiffre n’est à la hauteur des faits constatés sur le terrain aux Philippines », met en garde la fondatrice et directrice de Caméléon, Laurence Ligier. Pour cette Française impliquée depuis 27 ans dans la lutte contre les violences sexuelles perpétrées sur les enfants, le sujet est un tabou extrêmement important de la société philippine et la réalité sans doute encore pire que ce que les statistiques laissent entendre. « L’unité de la famille et l’harmonie sont deux moteurs essentiels de l’identité philippine. Dénoncer un inceste, c’est piétiner ces principes, ce que ne peuvent se résoudre à faire nombre d’enfants ou de parents impliqués. »

Mieux vaut donc se référer à l’expérience des acteurs de terrain pour comprendre le phénomène. « La plupart des jeunes qui ont été victimes de violences sexuelles dans leur enfance l’ont été dans le cadre d’une relation incestueuse»,constate Vida Sumayo, coordinatrice des travailleurs sociaux d’Enfants du Mékong aux Philippines. L’assistante sociale dresse un bilan catastrophique de la situation qui contraste avec les chiffres cités plus haut. Elle s’appuie pour cela sur les déclarations des jeunes qui se sont confiés à elle dans le cadre d’un entretien privé. Des cas qui, pour la plupart, ne seront jamais répertoriés officiellement, faute de volonté de témoigner de la part des victimes. « Les cas d’inceste représentent dans nos structures entre 60 et 80 % des enfants abusés soit une immense majorité », souligne Vida qui confirme l’analyse de Laurence Ligier : « C’est souvent la honte et la peur d’être source de conflit au sein de la famille qui enferment les jeunes dans le silence.» Les faits concernent avant tout une majorité de filles, mais aussi quelques garçons. « La honte chez ces derniers est encore plus forte et empêche toute prise de parole », affirme Vida.

Certaines associations, comme Preda ou Caméléon, ont développé
des programmes de sensibilisation de la société civile, y compris dans les écoles.

ÉDUQUER LES GARÇONS

« Pour comprendre la prévalence de l’inceste aux Philippines et le silence impressionnant qui règne autour, il faut comprendre la société et la culture philippines, explique le frère Marie-Étienne, un prêtre français en mission au cœur des quartiers populaires de Cebu, deuxième plus grande ville des Philippines.

Nous parlons ici d’une société majoritairement matricentrée sur laquelle vient se calquer un décalage dans l’éducation morale de la fille et du garçon accentué par la pression de la pauvreté. » Le garçon peut assez natUrellement être livré à lui-même et souffre souvent d’une figure paternelle absente ou traumatisante. «L’homme est considéré comme un travailleur, tourné vers l’extérieur du foyer. C’est sa force et sa virilité qui sont célébrées. Il est celui qui rapporte de l’argent, peu importe s’il poursuit ou non des études. À ce titre, l’éducation morale des garçons n’est pas une priorité! J’ai souvent rencontré des hommes philippins qui manquaient beaucoup d’estime de soi.» Or, dans la grande majorité des cas de violence sexuelle, le violeur est un homme et la victime une femme. La femme est pourtant au cœur de la famille traditionnelle.

La culture philippine fait grand cas de l’autorité naturelle des femmes. « Il ne faut pas oublier que c’est un des seuls pays d’Asie à avoir eu deux femmes présidentes », souligne le missionnaire. Dans ce contexte, les filles sont éduquées et encouragées à poursuivre des études plus que bien des pays d’Asie. « Le paradoxe est qu’au cœur de cette culture matriarcale s’est développée une culture du viol et de l’inceste. »

Vida Sumayo, coordinatrice de tous les travailleurs sociaux d’Enfants du Mékong aux Philippines, pose avec quelques garçons du Centre de Cebu, la deuxième ville du pays.
Diwa, 15 ans, a été violée à de multiples reprises par son beau-père. Grâce au refuge Bethany home, elle peut retrouver un peu de son enfance perdue et se reconstruire dans un environnement sain et sécurisé.

Mais tout n’est pas culturel. Il existe aussi des causes économiques, sociologiques et démographiques à cette prévalence de l’inceste aux Philippines : l’extrême pauvreté et l’inégale répartition des richesses du pays (21,6 % de la population des Philippines vit avec moins de 1,75 euro par jour pour un PIB de près de 400 milliards de dol- lars américains), l’illettrisme des parents, la promiscuité dans les lieux de vie des familles (dans les cabanes de pêcheurs ou dans les bidonvilles, les familles dorment souvent dans une seule pièce) et l’isole- ment de certains lieux d’habitation, le taux élevé de mères adolescentes (200000 naissances par an) ainsi que de familles décomposées et de travailleurs hors des frontières qui laissent leurs enfants au pays (172 000 travailleuses migrantes d’origine philippine quittent leur pays chaque année ; 10 % de la population travaille en dehors des frontières). Enfin, il ne faut pas oublier les conséquences du traumatisme de l’inceste lui-même : « une part importante des auteurs de violences sexuelles sont eux-mêmes d’anciennes victimes. L’enjeux de la réhabilitation des victimes est aussi de mettre un terme au cycle de reproduction de génération en génération », rappelle une directrice de refuge pour enfants abusés.

LA PÉDOCRIMINALITÉ EN LIGNE EN HAUSSE

Face à ces données, on peut s’étonner que les responsables de tels abus ne craignent pas de tomber sous le coup de condamnations pénales.

Dans les faits, depuis 1992, le pays s’est doté du Republic Act (R.A) 7610 sur « la protection spéciale des enfants contre les sévices, l’exploitation et la discrimination », première loi du pays à condamner les sévices sur mineurs. Cinq ans plus tard, deux nouvelles lois définissent le viol comme un crime mais fixent l’âge minimum de consentement sexuel à 12 ans (le plus bas parmi les pays d’Asie. Un contexte législatif qui, ajouté à la pauvreté et la malnutrition, pousse certaines familles à vendre leurs enfants dans le cadre du tourisme sexuel, y compris en ligne. Les Philippines seraient, d’après les mots de son propre ministre de la justice, « leader mondial du viol en ligne » et figurent parmi les premiers pays producteurs de contenus pédocriminels sur Internet. Depuis 2012, un nouveau phénomène inquiète les autorités. Le « live-streaming », qui consiste à vendre des vidéos de violences sexuelles commises sur des enfants devant webcam selon un scénario préétabli, est de plus en plus courant. Boostées par la pandémie mondiale de Covid-19, les statistiques liées à cette pratique auraient triplé en trois ans. Pays anglophone équipé de bonnes connexions Internet, ayant accès à des smartphones peu chers, les Philippines comptabiliseraient huit fois plus de signalements que les autres pays producteurs de tels contenus en ligne d’après un rapport de 2020 de l’International Justice Mission (IJM), une organisation internationale en pointe dans la lutte contre ces violences. Dans 41 % des cas, ces viols seraient incestueux, c’est-à- dire commis par les parents biologiques.

« Le pays se dote au fur et à mesure de lois de plus en plus adaptées », reconnaît cependant Shay Cullen, prêtre catholique irlandais de 79 ans à l’origine de la fondation Preda à Olongapo sur l’île de Luzon. Cet activiste de longue date qui milite contre l’exploitation sexuelle des enfants aux Philippines souligne la dernière avancée en la matière : « En 2022, l’âge minimum du consentement sexuel est passé de 12 à 16 ans. C’est une victoire importante », souligne-t-il avant de mettre en garde : « le problème ne vient pas tant des lois aujourd’hui que de la volonté de les faire réellement appliquer».Toute la difficulté est là. « Nombreux sont ceux, au sein des forces de police, des cours de justice ou même chez les travailleurs sociaux, qui minimisent les faits, en particulier quand les victimes ne sont pas issues d’une classe privilégiée », se désole à Manille Jicel Bazar, 33 ans, coordinatrice des services sociaux de l’association Anak-Tnk qui recueille des enfants des rues, population particulièrement exposée aux sévices sexuels. Même complainte à Cebu où le frère Paul, de l’université San Carlos qui coordonne un programme d’action sociale, regrette de ne pas croiser plus souvent les travailleurs sociaux du gouvernement sur le terrain.

« En 2022, l’âge minimum du consentement sexuel est passé de 12 à 16 ans. C’est une victoire importante »

« LE SYSTÈME NOUS ABANDONNE »

« Lorsqu’un enfant ou un jeune témoigne d’un inceste aux Philippines, il n’a aucune garantie d’être entendu. Le système nous abandonne », déplore Vida Sumayo qui constate régulièrement les dysfonctionnements de la justice et des forces de l’ordre.

Chaque année aux Philippines, 7 millions d’enfants sont victimes de violences sexuelles. L’éducation et la prévention sont des leviers primordiaux pour lutter contre ce fléau.

« Dans la loi, un procès pour viol ne peut pas se tenir si la victime n’est pas présente pour témoigner. Nous avons l’exemple d’une jeune fille qui a reçu sa convocation par la poste après la date du procès. Ces dysfonctionnements sont fréquents et encouragent les victimes à abandonner alors que la reconnaissance de leurs maux est une partie importante du processus de guérison ! » Le soin des victimes est une préoccupation que partage la fondation Preda qui attache une grande importance à la libération de leur parole. Pour ce faire, Shay Cullen a mis en place dans son centre d’accompagnement des victimes une pratique impressionnante : l’Emotional Release Therapy (« thérapie de libération des émotions »), inspirée des travaux du psychologue américain Arthur Janov.

Dans une petite pièce plongée dans la pénombre dont le sol et les murs sont recouverts de matelas, les adolescents sont invités à libérer les émotions qu’ils ressentent sans se soucier des regards extérieurs. Sur un fond musical et sous la supervision d’une psychologue, les cris, les râles et les pleurs montent. Six jeunes filles victimes de violences sexuelles expriment ce jour-là leur colère, leur dégoût, leur peur, leur désarroi. Certaines frappent les murs. D’autres restent prostrées. « Le fait de pouvoir exprimer ce qu’ils ont contenu tout ce temps est un soulagement pour eux. Souvent ils témoignent qu’ils se sentent enfin libres après ces séances.» C’est aussi un moyen de libérer leur parole en vue de futures poursuites judiciaires : « Nous avons découvert à l’occasion d’une de ces séances qu’une enfant secourue s’est fait violer après coup par l’un des policiers. C’est dire combien la société philippine tout entière a besoin d’être éduquée et sensibilisée sur ce sujet », explique le prêtre irlandais qui a mis en place avec sa fondation un programme ambitieux de lobbying auprès des politiques, de sensibilisation des forces de l’ordre et de prévention dans les écoles auprès des enfants au moyen notamment d’un spectacle de marionnettes écrit et animé par d’anciens bénéficiaires de sa fondation.

Depuis quelques années, les témoignages d’inceste sur les réseaux sociaux participent à la prise de conscience de l’ampleur du phénomène aux Philippines et à
la libération de la parole des victimes.

« L’éducation est la clef »

Vida Sumayo partage cette foi en l’éducation : « L’éducation est la clef pour mieux lutter contre l’inceste ». Une éducation qui aborde tous les sujets y compris ceux de l’affectivité et de la sexualité souvent tabous dans les familles.

« Certains jeunes découvrent lors de nos ateliers que ce qu’ils ont vécu n’est pas normal. Que certains gestes ne sont pas des câlins sans conséquences . C’est aussi parfois l’occasion pour eux de découvrir que le silence ne les aide pas, mais les enferme et les convainc qu’ils seront toujours victimes. » Évidemment l’accompagnement est long et la reconstruction dépend entièrement de la volonté du jeune et du soutien dont il bénéficie. « Dans les cas d’inceste, la difficulté est que le crime a lieu au cœur de la cellule familiale, commis par ceux qui sont censés vous protéger et vous soutenir. Une victime d’inceste est extrêmement seule.» Dans un tel contexte, un parrain ou une marraine, un responsable de programme, un volontaire Bambou ou un travailleur social peut être un soutien nouveau qui change la donne. « Je me souviens d’une filleule qui était abusée par son cousin depuis huit ans. Elle a eu la force de le menacer et de l’obliger à arrêter ses sévices quand elle a été parrainée et qu’elle a trouvé du soutien à l’extérieur de sa famille. » La prolifération des témoignages sur les réseaux sociaux ces dernières années participe aussi, à cet égard, à une libération de la parole des victimes et à une plus grande reconnaissance du phénomène.

Frère Paul organise depuis plus de 50 ans des maraudes dans les quartiers de la ville de Cebu. Il regrette de ne pas y croiser plus souvent les services sociaux gouvernementaux.
Sœur Bing est la directrice du refuge Bethany home. Elle fait partie intégrante du système social philippin puisque c’est le ministère public qui lui confie ses pensionnaires. Elle témoigne de leur reconstruction et de leur résilience.

Retour à Butuan, à la Bethany home. Tala dessine un grand ciel d’azur. Près d’elle, sœur Bing, la directrice du refuge tient dans ses bras la plus jeune pensionnaire, un bébé d’un an et huit mois abusé par son père biologique. La directrice du centre regarde ses protégés avec bienveillance. L’ambiance est légère, les rires fusent. « La réalité des chiffres ne doit pas occulter l’espoir qui demeure au cœur de ces histoires terribles : depuis 1996, nous collectionnons les témoignages de résilience », s’enthousiasme la religieuse. Même si la guérison et le processus de reconstruction sont longs, « il faut dire à ces adolescents que leur vie n’est pas fichue, continue sœur Bing. À leur contact, j’ai appris à être forte et à aimer davantage, à être responsable des autres. Moi qui appréhende le monde avec ma tête, elles m’apprennent à être davantage une personne de cœur. C’est un immense cadeau qu’elles nous font. » Que ce soit ici sur l’île de Mindanao, à Cebu dans le centre d’Enfants du Mékong ou à la fondation Preda sur l’île de Luzon, beaucoup de victimes d’inceste en âge d’aller à l’université s’orientent vers des métiers sociaux. Un choix peu anodin au regard de leur histoire et un cercle vertueux qui, pour le pays tout entier, pourrait être un signe d’espoir et de renouveau. C’est le cas de Diwa qui, replaçant ses lunettes sur son nez d’un geste automatique et abandonnant son dessin plein de couleurs, confie « Je veux devenir assistante sociale pour aider les enfants comme moi ! » Dans cette oasis de joie et d’enfance que représente la Bethany home, les mots de Tala reviennent en mémoire et prennent une autre profondeur, sonnent comme une promesse et un défi : « Je suis une survivante ! »

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