Le handicap : et après ?

« La personne, c’est le cœur : et le cœur implique compassion, tendresse, écoute, compréhension et fusion. »

Aujourd’hui, je voudrais évoquer avec vous des filleuls qui me sont chers. Des enfants rencontrés sur le terrain à l’occasion de mes reportages. Des filleuls vus au cœur des terrains les plus difficiles, les plus isolés, dans les familles les plus pauvres. Ils m’ont presque toujours désarmé par leur tendresse et leur sourires gratuits. Ils n’attendaient rien de moi. Je voudrais évoquer avec vous ces enfants de ces pays lointains qui portent dans leur corps les marques de leur pauvreté et qui se battent comme des lions pour se faire une place dans un monde qui les rejette. Je voudrais vous dire mon admiration, ma joie de pouvoir les côtoyer, d’être témoin de leur combat. Je veux vous parler de nos filleuls porteurs d’un handicap que nous soutenons au Vietnam, au Laos, au Cambodge, aux Philippines et partout où nous sommes appelés en Asie du Sud-Est.

L’école est un fabuleux lieu d’intégration pour tous les enfants pauvres et une source d’espoir pour de nombreuses familles. Mais pour les enfants porteurs d’un handicap, elle est un défi qu’ils sont souvent heureux de surmonter pour échapper à la solitude de leur vie quotidienne. J’ai vu au Vietnam, des enfants enchaînés au pas de la porte pour éviter qu’ils ne se perdent dans le quartier. J’ai rencontré une petite fille qui a passé la totalité de l’entretien que j’avais avec sa maman à contorsionner son corps qui refusait de lui obéir pour finalement réussir à m’adresser un sourire.

J’ai vu un enfant sourd découvrir qu’il pouvait communiquer grâce au langage des signes à 12 ans. Une autre dont les voisins croyaient qu’elle était victime d’une mauvaise réincarnation à cause de ses fautes passées. J’ai vu une usine de textile n’embaucher au Cambodge que des personnes en fauteuil roulant et réussir à les intégrer sur le marché du travail.

Demain se terminera la semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées. Chez Enfants du Mékong, nous aimons infiniment ces enfants hors du commun. A l’heure des mesures d’impacts et des audits des ONG, nous avons choisi de les accompagner eux aussi même si cela doit faire baisser nos taux de réussite au bac au Cambodge ou d’insertions professionnelles au Vietnam. Parce que la part du cœur est autrement plus belle et ne se mesure pas ! C’est pourquoi je citais Jean Vanier au début de cette chronique. Je vous redis la phrase de cet apôtre de la fragilité qui nous livre un mantra puissant : « La personne, c’est le cœur. »

Antoine Besson, journaliste et rédacteur en chef du magazine « Asie Reportages« .

 

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