La formation intégrale d’Enfants du Mékong

L’éducation, est-ce seulement l’école ? Quels sont les éléments essentiels pour faire grandir un enfant ?

 

L’ONG d’éducation, Enfants du Mékong réfléchit depuis longtemps aux questions liées à la pédagogie et au bon développement des jeunes. L’ambition de l’association est de former les plus pauvres, mais une formation aussi bien académique qu’humaine.

Les trois pilliers de la formation intégrale ? Se construire soi-même, s’ouvrir au monde, s’impliquer dans la société.

 

En Asie depuis 6 ans, Armelle Lahalle coordonne le déploiement de la charte pédagogique d’Enfants du Mékong.

 

En Asie depuis 6 ans, Armelle Lahalle coordonne le déploiement de la charte pédagogique d’Enfants du Mékong. Professeure des écoles, elle s’est spécialisée dans le développement humain et pédagogique, pour faire grandir les enfants « pas à pas ».

Qu’est-ce que l’éducation, pour l’association Enfants du Mékong ?

L’éducation c’est une manière de relire une journée passée avec des enfants et se poser la question de la journée suivante : qu’ai-je fait aujourd’hui qui leur a permis de grandir, et que faire demain ?

Tous les moments passés ensemble, entre un jeune, un responsable de programme, un bambou, un ami de passage, sont des moments éducatifs. Quoi qu’il puisse se passer, du plus simple au plus complexe, on en tire des leçons. Alors chez EdM, au-delà de la vie quotidienne, on essaie d’apporter au maximum ces petits bonus, ces moments passés ensemble, sous la forme de jeux simples, courts, concrets. On part d’un jeu, souvent très amusant, qui est un prétexte pour engager une amitié, une discussion.

Chez EdM, l’éducation, c’est entrer en relation et faire grandir. Et la simplicité permet de redonner confiance : on peut tous être des éducateurs.

Discussion avec les jeunes, centre de Battambang au Cambodge.
Atelier pédagogique
Chaque activité apporte des petites clefs : le cadre, la mise au service, la cohésion d’équipe, une relation juste, un effort sur soi…

 

Vous dites qu’ « on en tire forcément des leçons », mais ce n’est pas vrai pour tout, certaines activités sont juste faites pour être jouée ?

Je crois que tout moment passé ensemble apporte quelque chose à un enfant, mais jamais la même chose : un match de foot apporte d’autres clefs qu’une balle aux prisonniers ou que la préparation du prochain repas ou encore que le coloriage sur mes qualités/défauts. Chaque activité apporte des petites clefs : le cadre, la mise au service, la cohésion d’équipe, une relation juste, un effort sur soi, …. Chez EdM, ces « clefs » sont appelées des « pas ». Il y en a 15, et à travers eux on relit notre journée, on regarde combien de « pas » ont pu être faits par les enfants, on prépare ceux qu’on pourra leur faire faire le lendemain.

Vous faites vraiment tous ces jeux sur le terrain ?

Ce qui fonctionne le mieux aujourd’hui, ce sont ces jeux organisés pour des « camps d’été », ou « summer camp ». On réunit 2 ou 3 jours les jeunes d’un programme, parfois jusqu’à une centaine d’enfants, et ils jouent (a minima 4-6 jeux par jour). Chaque jeu mène à une petite discussion. Avec le kem’s on introduit le langage non verbal et la communication en public ; avec le jeu du papillon on réfléchit à la notion d’amitié ; avec le jeu « tous en position » on lance la réflexion quant au rôle et à la place du chef. Tous ces jeux, regroupés sur une plateforme accessibles par nos volontaires et responsables locaux, sont issus du terrain : idées de volontaires bambous, reprise de jeux scouts, jeux classiques des différentes cultures, … Ce qu’on montre, au travers des activités proposées sur la plateforme, c’est qu’à partir d’un jeu concret, une fois qu’on a bien ri (et c’est essentiel en Asie de commencer par là), on peut tirer des ficelles pour aller plus loin !