Je veille sur mon filleul comme mon parrain veille sur moi

Tous les vendredis, retrouvez « L’Espérance au cœur », la chronique d’Enfants du Mékong par Antoine Besson, journaliste et rédacteur en chef du magazine ‘Asie Reportages‘.

Le podcast : 

 

La chronique :

« Bonjour chers auditeurs,

Antoine de Saint-Exupéry avait raison. Notre monde est plein de paradoxes. Il est parfois troublant de constater que ce sont ces paradoxes qui sont à l’origine de nos plus grandes surprises et de nos plus grands émerveillements.

Prenez par exemple le rapport entre l’enfant et l’adulte. A bien des égards on peut dire que l’enfant est un adulte en devenir, un homme ou une femme en formation. C’est à cela que sert l’école et l’instruction : construire les adultes de demain. Nourrir leurs esprits des savoirs qui leur permettront de mieux appréhender le monde.

Mais quand il s’agit des choses du cœur, on en vient parfois à penser (comme Saint-Exupéry dans son petit Prince) que ce sont plutôt les adultes qui devraient se mettre à l’école des enfants. Prenez par exemple le cas de Blanche à qui son parrain a offert un parrainage et qui a déjà tout compris à son rôle de marraine :

Lettre de Sarak en Khmer

« J’ai 10 ans et j’écris à Sarak depuis un an et demi. » Nous écrit-elle. « Être marraine pour moi, c’est faire partie d’une sorte d’arbre généalogique entre mes parrains et marraines à côté de moi d’un côté, et Sarak et moi d’un autre côté. Mes parrains et marraines veillent sur moi et à mon tour, je veille sur Sarak. Même à 10 ans, je suis déjà marraine. C’est beaucoup. Comme je ne gagne pas d’argent, je ne peux pas lui faire de grands cadeaux. Je peux lui offrir de l’attention avec l’écriture des lettres. Dans les lettres, je découvre la vie de Sarak et ses projets.

Dessin de Sarak
Dessin de Sarak

Elle m’a dit qu’elle aimait bien voyager. Donc, dans mon dernier colis, je lui ai envoyé 5 cartes postales écrites de différents coins de France, montagne, pays Basque, une chapelle… Et 3 cartes postales vierges pour qu’elle puisse les utiliser comme elle voudrait. Nous échangeons sur nos vies, nos familles. Mais nos courriers se croisent et donc nos réponses sont encore décalées. Mon déménagement à Berlin a entraîné du retard dans nos correspondances. J’ai fait un exposé dans mon école pour expliquer le parrainage à mes camarades. J’aime être marraine car je peux l’expliquer à mes amis. En plus, je sais que grâce au soutien de Julien, mon parrain, Sarak m’explique qu’elle peut avoir un uniforme et même un vélo. »

Décidément Saint-Ex avait raison : «Les grandes personnes ne comprennent jamais rien toutes seules, et c’est fatiguant, pour les enfants, de toujours et toujours leur donner des explications.» Heureusement que les enfants sont là pour nous expliquer les choses du cœur. Merci Blanche de nous avoir expliqué le parrainage.

 

Antoine Besson, journaliste et rédacteur en chef du magazine ‘Asie Reportages’