De volontaires à délégués, le parcours d’Augustin et Mélanie
Anciens volontaires, Augustin et Mélanie sont désormais installés à Lyon et ils ont choisi de s’investir dans la délégation du Rhône. Ils retracent pour nous dans cette interview leurs parcours avec Enfants du Mékong, leurs joies et leurs projets.
Rencontre avec nos jeunes délégués, qui nous livrent un témoignage brut, sans concession où s’exprime avec force un désir d’engagement et de service.
Bonjour Augustin et Mélanie, comment avez-vous connu Enfants du Mékong ?
Augustin : C’est simple, je connais Enfants du Mékong depuis très longtemps puisque l’ancien directeur [NDLR Yves Meaudre] est un ami de mon père et il est aussi le parrain de ma sœur. Il venait souvent à la maison nous parler d’Enfants du Mékong, nous raconter ses voyages avec toujours ce côté génial, « Indiana Jones » ; ça faisait rêver ! Et puis j’ai un frère qui est parti en 1998-1999. À côté de ça, les parents ont toujours parrainé et puis à un moment donné, j’ai eu l’opportunité de partir parce que j’arrêtais mon boulot. J’ai repris contact avec Yves Meaudre et c’est comme ça que je suis parti comme Volontaire-bambou avec Enfants du Mékong le 1er mars 2013.
Mélanie : oi, je suis australienne, j’étais partie au Vietnam pour faire plusieurs mois de bénévolat avec une association australienne et puis j’ai décidé, avant de commencer mes études, de profiter du fait que je sois en Asie pour voyager un petit peu. C’était ma première fois au Cambodge, j’étais à Kep. J’ai rencontré Augustin dans un restaurant, on s’est mis à parler des associations pour lesquelles on travaillait. Et puis voilà, on est restés en contact, j’étais assez intéressée par son travail avec Enfants du Mékong. Je suis retournée pas mal de fois en Asie, en Thaïlande, au Cambodge, j’ai revu Augustin sur le terrain.
Qu’est-ce qui vous touche en particulier chez Enfants du Mékong et vous a donné l’envie de vous y investir ensemble ?
Augustin :Enfants du Mékong à ce côté spécial, familial. Beaucoup de gens s’engagent de façon gratuite. Ça correspond aussi à d’autres formes d’engagement que j’ai pu prendre dans ma vie où l’on fait d’abord confiance aux gens et ensuite, on vient vérifier si tout se passe bien avec un bon état d’esprit. On est qu’un maillon à chaque fois et donc même si forcément il y a des gens qui font des erreurs comme partout, ça a moins de conséquences. La défaillance a moins d’impact que la réussite de chacun.
Mélanie : L’association avec laquelle j’étais partie était assez différente parce que, même si sur place, on avait un travail de bénévole, l’objectif premier de l’association était d’offrir l’opportunité aux jeunes australiens de partir dans un autre pays pour faire une « année sabbatique ». Donc l’objectif était très différent de celui d’Enfants du Mékong. L’esprit d’Enfants du Mékong m’a plu. On n’était pas présent sur le terrain avec cet « esprit un peu colon » que peuvent avoir d’autres associations qui viennent avec leur argent et qui disent : « C’est nous qui savons faire, qui venons d’un pays développé ; on va vous dire comment faire ». Les bambous se mettent vraiment « dans les chaussures des locaux » et c’est ça qui leur permet aussi de réaliser des projets qui correspondent aux demandes et aux besoins des populations sur place. Tout est fait à l’écoute et en collaboration avec les locaux et il y a un vrai esprit de respect et d’égalité.
Augustin : Chez Enfants du Mékong, on demande d’abord aux volontaires d’être dans un esprit de service.
Pourquoi avoir rapidement choisi après votre retour de vous investir comme délégué ? Avez-vous vu cet engagement comme la suite logique de vos missions en Asie ?
Augustin : Dans un premier temps, on a voulu prendre du recul sur Enfants du Mékong parce que même si Mélanie n’était pas volontaire, on s’est rencontrés sur place et après, on a gardé contact. Du coup, le fait d’être en mission d’un côté m’empêchait de la rejoindre tout de suite ou elle de me rejoindre, mais d’un autre côté cela nous permettait de garder contact, parce que l’Australie est quand même moins loin de l’Asie que de la France. De fait, elle est souvent venue sur place et elle a donc pas mal vécu la mission avec moi, en visitant les centres, Damien, Martin au Cambodge… Mais dans un premier temps, on a voulu souffler. En même temps, on se disait quand même qu’on devait aussi notre rencontre à Enfants du Mékong. Donc ça paraissait important, une suite logique d’être bénévole à deux (parfois, Mélanie m’aidait dans mes rapports de mission, pour l’anglais…); ça avait du sens parce qu’on se sentait redevable des pays concernés et de l’association qui nous a accompagnés pendant ces deux années. Au bout d’un an, j’ai appelé Guillaume d’Aboville, en disant qu’on était prêt à donner un coup de main. Guillaume m’a dit « ça tombe bien parce qu’en ce moment, les responsables de la délégation du Rhône aimeraient prendre un peu de recul, rester délégué, mais qu’il y ait d’autres référents ». Du coup, je lui ai dit que j’en parlerais à Mélanie et que si on le faisait, on le fera à deux. On a de la chance, le Rhône est une grosse délégation ; il y a pas mal de délégués. Du coup, on n’est pas tous seuls. Les anciens responsables de la délégation, Paul et Anne Baud sont toujours très présents. C’est sympa, et ils ne nous ont pas laissées en rase cagne, ils sont toujours là donc il y a une continuité à ce niveau. Nous, on essaie d’avoir des idées en plus à côté de ce qui se fait déjà.
Mélanie : Je me souviens d’une conversation qu’on avait eue avec Augustin avant d’appeler Guillaume. On parlait beaucoup de nos vies. On a mis un peu de temps à s’installer à Lyon, surtout pour moi, ce n’était pas évident pour m’habituer. On s’est installés, mais à un moment donné, on s’est dit qu’il y avait quelque chose qui manquait. On avait tous les deux été impliqués dans des associations et là, on ne l’était plus. Une part importante de nos vies, c’est de donner, donner aux autres. On donne à nos familles, à nos amis, mais c’est « facile ». On voulait vraiment donner aux autres et d’une façon désintéressée.
Augustin : Si on a choisi EDM, c’est aussi pour ça : le don est central. Il y a un bouquin sur Enfants du Mékong qui s’appelle « la force du don » et je me souviens d’une phrase du père Ceyrac qui disait : « Tout ce qui n’est pas donné est perdu ». On avait le sentiment qu’on ne donnait pas trop au-delà de nos amis et familles. Ça nous semblait perdu. Il fallait s’engager.
Finalement, ça consiste en quoi être délégué ? Pouvez-vous nous donner un exemple concret d’action menée récemment dans votre délégation ?
Augustin : Ce n’est pas toujours évident de conjuguer le boulot du délégué avec le quotidien d’un boulot. Beaucoup de délégués ne sont pas des actifs. Leur temps n’est pas le même que le nôtre du coup ; il y a parfois des incompréhensions parce qu’il y a des attentes et nous, on n’est pas en mesure de répondre tout de suite ou assez rapidement.
Une action concrète, c’est par exemple le repas annuel des parrains qu’on a organisé au mois d’avril. C’était une réussite : il y avait à peu près 80 parrains qui sont venus. On a pu parler de l’association, voir de nouveaux parrains, faire remonter des infos, passer des vidéos sur l’actualité du terrain, faire des petits témoignages. Je crois que les parrains apprécient tout cela et ça contribue à développer le réseau local. Une autre chose qu’on a essayé de mettre en place : un apéro mensuel qui ne soit pas que l’apéro des anciens bambous, mais aussi l’apéro des parrains, des délégués…
Mélanie : … Des gens qui connaissent EDM mais qui n’ont pas osé prendre contact, qui s’intéressent à l’Asie, qui sont curieux de connaître un peu l’association… L’objectif est de créer un endroit où l’on peut partager son expérience et essayer de concrétiser un peu la communauté Enfants du Mékong à Lyon et dans le Rhône.
Augustin : L’expérience qu’on en tire, c’est que tous les mois, c’est beaucoup trop souvent. Du coup l’idée ça serait de partir sur un apéro tous les trois mois. Le prochain sera fin juin puis début septembre, etc. Le quotidien, c’est aussi de répondre aux sollicitations locales, aux associations….
Comment vivez-vous le fait d’être bénévole en délégation en parallèle d’une activité professionnelle ?
Mélanie : J’ai beaucoup de décalage avec les autres membres de la délégation non seulement parce que j’ai un travail alors que d’autres sont à la retraite, mais aussi parce qu’on a des différences culturelles qui font qu’on a souvent du mal à se comprendre. Après, il y a beaucoup d’enthousiasme parmi les membres de la délégation actuelle. Ils sont là pour nous soutenir. C’est important d’avoir les deux : des jeunes qui peuvent mettre en lien avec les entreprises, présenter de nouvelles idées pour « agrandir la communauté », fidéliser les parrains, etc. Mais on a également besoin de gens avec du temps pour donner. C’est là où je me sens un peu handicapée dans mon engagement, car je pense que je pourrais faire beaucoup plus et Augustin aussi si on n’était pas aussi engagés dans notre boulot. Je fais souvent beaucoup plus que 35 heures par semaine. Autant, on a du temps pour passer des coups de fil, lire des mails, autant, j’ai l’impression que notre activité à la délégation est limitée par cela.
Augustin : Pour le moment, on n’arrive pas à faire rentrer les anciens volontaires qu’on connaît. Un des secrets aussi, c’est de déléguer plus sur les différentes missions. C’est sûr que si on peut avoir des retraités et des jeunes couples, on aurait un équilibre. Au départ on est partis tout feu tout flamme et finalement, il faut réussir à se brider en se disant, « c’est du bénévolat, je ne peux pas donner tout le temps que je donne dans mon boulot ». Donc il y a un côté un peu frustrant et on peut se décourager, mais ce qu’on voudrait arriver à faire pour l’année prochaine, c’est attirer deux, trois jeunes et déléguer certaines fonctions. On commence déjà à le faire. Il y a une responsable soierie, une pour le côté finance. Nous, on ne se cantonne qu’à cet apéro. Le défi est là, je pense. Après avoir dit tout ce qu’on a dit, on est content des choses qu’on fait ! Mais parfois, on est un peu frustrés parce qu’on voudrait faire plus.
Mélanie :Moi, je suis en train d’apprendre à connaître Enfants du Mékong plus dans la profondeur. Je n’ai pas la même expérience qu’Augustin. On apprend comment mettre en place la meilleure organisation pour la délégation. On a encore plein de choses à maîtriser.
Quelle est pour vous la découverte la plus significative durant vos années de volontariat-bénévolat ?
Augustin : Au repas des parrains, j’ai rencontré tout un tas de personnes que je n’aurai pas imaginé chez Enfants du Mékong. Je trouvais ça super. Il y a des gens qui font confiance à Enfants du Mékong parce que c’est une association qui est reconnue au-delà de ses réseaux, du bouche à oreille. On commence à avoir une vraie stature et il y a un vrai sérieux. C’est ce qui m’a le plus surpris : de voir des gens qui n’avaient rien avoir avec Enfants du Mékong faire confiance de façon « aveugle » : c’est beau ! Il y a une vraie piste là-dessus : ils partent de nos valeurs parce qu’ils y adhèrent, mais il faut savoir sortir un peu des sentiers battus, car il y a des gens qui n’ont a priori rien avoir avec le milieu originel d’Enfants du Mékong, mais qui sont ravis de recevoir des lettres du parrainage et de participer à tout ça (NDLR : l’engagement pour Enfants du Mékong).
Pour finir un message particulier à faire passer à nos lecteurs ? Aux habitants de Lyon, votre délégation ?
Augustin : A tous les Lyonnais qui ont un lien avec tous les pays d’action d’Enfants du Mékong, qui ont peut-être d’ailleurs été impactés dans leur enfance (eux ou leurs parents) et qui sont arrivés en France à cause de ce qui s’est passée dans ces pays, il y a 40/50 ans. Prenez contact avec les délégations ! Nous, on a un Vietnamien dans la délégation. On rendra cette association d’autant plus vivante parce qu’il y a plein de gens qui ont été aidés par Enfants du Mékong et qui se sont installés ici. On a besoin d’eux et quand on parle d’Enfants du Mékong, ils sont contents de nous voir, de ce qu’on fait. Ils nous regardent de loin… Qu’ils viennent, on a besoin d’eux !
Mélanie : On a besoin de tout le monde !
Augustin : Des Français d’origine vietnamienne, cambodgienne même philippine …. Il y en a beaucoup à Lyon. On serait ravis de les rencontrer et d’avoir plus d’échanges avec eux. Ils ont plein de choses à apporter à la délégation et à Enfants du Mékong.
Mélanie : Je valide !
Propos recueillis par Pierre-Marie Durier
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Responsable de la délégation des Pyrénées-Atlantiques (64), des Landes (40) et des Hautes-Pyrénées (65) pour Enfants du Mékong, Marie-Hélène Perret est une femme de cœur et de convictions. Il y a près de 30 ans, un magazine et quelques nems ont bouleversé sa vie.
Chantal Taurel Oury a vécu de longues années en Afrique, mais c’est vers l’Asie qu’elle a choisi de s’engager. Un choix qui n’a pas été sans difficulté, tant sa confiance avait été blessée par le passé.
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