Une rencontre inoubliable
Chloé est venue de France effectuer son stage au Centre de Sisophon au Cambodge. Ce Centre accueille plus de 1000 jeunes et a été fondé il y a 30 ans.
« J’ai 22 ans et je suis étudiante en première année de Master Action Educative Internationale à Paris. Dans ce contexte, je suis en stage durant trois mois au centre scolaire de Sisophon dans le nord-ouest du Cambodge. Je suis arrivée le 25 mars et repars le 25 juin prochain. Je travaille au sein de l’équipe du staff social du Centre et je donne des cours de français pour les lycéens qui préparent le test de français, niveaux B1 et B2.
C’est au foyer des étudiantes du Centre scolaire que je loge. Elles sont 6 étudiantes âgées entre 18 et 22 ans, elles étudient à l’Université de Sisophon.
Saksi étudie le droit en première année, elle souhaite devenir avocate, Srey Pao et Sarady étudient le coréen en deuxième année. Srey Pao souhaite devenir traductrice et Sarady souhaite travailler à l’étranger. Lyma et Reaksa étudient l’anglais en première année pour devenir professeures. Chakriya est également en première année. Elle étudie le développement rural pour devenir travailleuse sociale.
Elles forment une belle équipe soudée et enthousiaste. Chacune prend soin des autres.
Au mois d’avril dernier, pendant le Nouvel an khmer, tous les enfants du centre de Sisophon rentraient dans leurs familles fêter l’évènement. Chakriya a eu la générosité de m’inviter à passer la semaine de vacances chez elle. Nous ne nous connaissions pas encore très bien, mais ce fut le début de notre histoire d’amitié.
Chakriya a 18 ans. Elle est une jeune fille vive et rieuse, c’est le boute-en-train du foyer. Elle est interne au centre d’Enfants du Mékong depuis 8 années maintenant. Ses parents habitent le village d’Angkear Bos sur la commune de Kaoh Pong Satv, à 10 kilomètres du Centre de Sisophon. Le village compte de nombreux filleuls d’Enfants du Mékong. Les habitants sont principalement agriculteurs. Les maisons sont toutes de bois, et ne possèdent pas l’eau courante. Les parents de Chakriya sont cuisiniers lors de mariages, le père est également pécheur. Chakriya a un petit frère de 17 ans, qui a arrêté ses études pour aider sa famille, et une petite sœur de 12 ans qui est collégienne. La famille habite une maison traditionnelle de 20 mètres carrés en bois, montée sur pilotis, avec un toit en tôle. Les sanitaires se situent à l’extérieur, et l’eau pour se doucher est stockée dans de grandes jarres.
La famille étant très pauvre, durant les jeunes années de Chakriya, ses parents travaillaient en Thaïlande. Aussi Chakriya fut élevée par sa grand-mère, puis par sa tante qui habite Siem Reap, grande ville située à 1h30 de Sisophon vers le sud.
Durant la semaine passée dans la famille de Chakriya, j’ai découvert avec elle les coutumes khmères. Durant cette période, les cambodgiens se rendent à la pagode pour faire les offrandes aux moines. C’est l’occasion aussi de se rendre dans leurs familles, une coutume veut que les plus jeunes donnent la douche aux aïeux.
Tous les soirs pendant les quatre jours du Nouvel an khmer nous allions également danser à la pagode. Le nouvel an khmer c’est aussi se poster à l’entrée des villages et asperger d’eau ainsi que badigeonner de talc les passants à moto. Ce sont des moments d’insouciance magnifiques.
J’ai vécu cette immersion dans le quotidien de la famille de Chakriya avec beaucoup de joie. Leur sourire est si communicatif. Ils m’ont fait une place dans leur quotidien et dans leur famille en me considérant comme leur propre enfant.
Je suis par la suite souvent revenue chez Chakriya dans sa famille et son village. Aujourd’hui on aime se dire que je suis sa grande sœur de France et qu’elle est ma petite sœur du Cambodge.
Mais, ce week-end j’ai dû leur dire au revoir, je pars dans une semaine. Cela ne s’est pas fait sans larmes, mais on se reverra, j’en fais la promesse. Connaissant bien le village d’Angkear Bos désormais, je vais parrainer une petite fille de ce village et continuer de correspondre avec la famille de Chakriya.
Nous sommes de retour au centre scolaire de Sisophon, où je retrouve avec joie les enfants du centre.
Les journées au centre sont bien remplies. Le matin, les jeunes filles du foyer se lèvent aux alentours de 6h. Ayant enfilé leurs uniformes elles se rendent à vélo à l’Université. Elles finissent les cours à 11h. Puis l’après-midi elles se reposent, étudient et vont au marché pour faire les courses. De 18h à 20h, elles suivent les cours supplémentaires donnés au centre par Enfants du Mékong. Elles ont cours d’anglais, de thaïlandais et de philosophie.
En ce moment, Saksi et Reaksa s’entrainent tous les soirs après les cours pour le concours de danse chinoise qui aura lieu fin juin. Et demain, avec toutes les jeunes filles du foyer, nous nous entraînerons pour le concours de volley-ball à la fin du mois.
Le quotidien du foyer c’est aussi des éclats de rire, les filles ont toujours le sourire à l’image du peuple khmer. Cela va beaucoup me manquer … »
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