Projet en cours ! Construction d’une école pour les enfants réfugiés birmans au km48
Le projet est de construire une école au km 48 capable d’accueillir 150 enfants, dont 40 en internat.
Actuellement, la Thaïlande abrite plus de 5 000 réfugiés urbains et demandeurs d’asile, venant de plus de 40 pays, 97 000 réfugiés birmans près de la frontière avec le Myanmar et 479 000 personnes apatrides enregistrées par le Gouvernement Royal thaïlandais, selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR).
A Bangkok, la plupart des réfugiés urbains viennent du Pakistan, du Cambodge, du Laos et du Vietnam. La Thaïlande n’est pas signataire de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés, ainsi elle leur ne reconnaît aucun droit et ne leur fournit aucune assistance. Même une fois ce statut obtenu, s’ils n’ont pas de visa, les réfugiés urbains sont considérés comme des clandestins en Thaïlande, des fantômes dans la société, ce qui les rend vulnérables.
Enfants du Mékong soutient l’initiative du Catholic Office for Emergency Relief and Refugees (COERR) et du Bangkok Refugee Center (BRC) pour venir en aide aux familles demandeuses d’asile dans la capitale. À ce jour, le programme compte 36 écoliers dont la demande de statut de réfugié est en cours ou a été refusée. En complément de l’accompagnement et de l’aide que fournit le BRC à chacun, Enfants du Mékong se focalise sur le soutien financier pour l’éducation des enfants.
Saehai a 13 ans. Avec ses parents, sa petite-sœur Tiswa, 11 ans, et son petit frère Siphon, 7 ans, ils sont arrivés en Thaïlande il y a 6 ans. Originaires de Đà Lạt au Vietnam, ils ont fui les répressions et persécutions du gouvernement en raison de leur appartenance au groupe ethnique minoritaire Hmong et de leur christianisme. Arrivés légalement en Thaïlande, leur titre de séjour a depuis longtemps expiré.
La famille loue une habitation de deux pièces dans un quartier de Bangkok. Le père et la mère sont travailleurs journaliers, respectivement dans des chantiers de construction et une usine de confection de vêtements. Sans permis de travail, ils subissent des conditions de travail et des salaires déplorables.
« Nous vivons constamment dans la peur de tomber sur la police. C’est difficile à vivre », nous confie Saehai. Dernièrement, son père y a été confronté et a dû payer un pot-de-vin pour éviter d’être envoyé en centre de détention. « Les autorités font des arrestations régulières dans les rues des quartiers où les réfugiés et clandestins sont susceptibles de se trouver. Beaucoup n’ont pas du tout les moyens de payer les pots-de-vin souvent exigés et sont envoyés dans des centres surpeuplés et insalubres où les conditions de vie sont extrêmes », informe Diramedhist Lueng-Ubon, superviseur du département éducation au sein du BRC.
Malgré ces difficultés, Saehai se sent plus Thaïlandais que Vietnamien. Son rêve est de devenir chef cuisinier au Canada. Saehai, son frère et sa sœur ont la chance d’aller à l’école primaire gouvernementale où ils sont bien acceptés par les professeurs, moins par certains camarades.
Mayeh et sa famille sont eux aussi Hmong, chrétiens, originaires de Phongsaly au Laos. Mayeh avait 8 ans, ses deux petits-frères 5 et 3 ans lorsqu’ils ont tous traversé illégalement la rivière du Mékong, la nuit, en bateau.
Un an après leur arrivée, la famille a été arrêtée et leur père envoyé en centre détention tandis que le reste de la famille a été relâché grâce à de longues négociations et un pot-de-vin. N’ayant aucun droit de visite, ils n’ont jamais eu de nouvelles de lui, depuis sept ans maintenant.
Mayeh est en 5e tandis que ses deux petits frères sont en primaire. L’école est sa grande motivation : « Je veux aller à l’école le plus longtemps possible, je veux apprendre car c’est la seule solution pour obtenir un bon travail et aider ma famille à se sortir de cette situation », nous confie Mayeh, qui voudrait devenir médecin.
Le projet est de construire une école au km 48 capable d’accueillir 150 enfants, dont 40 en internat.
Depuis 4 ans, la Birmanie connaît une guerre civile sans précédent qui oppose une grande majorité du peuple et les militaires. Au cœur de ce conflit, les artistes ont été parmi les premiers à dénoncer le coup d’État du 1er février 2021 et à appeler à la rébellion. Peintres, dessinateurs, poètes ont été les fers de lance du mouvement de désobéissance et le ferment de la révolution. Pour ces raisons, nombreux sont ceux qui ont dû recourir à l’exil pour se mettre à l’abri ainsi que leur famille. Rencontre avec deux d’entre eux.
Au voyageur étranger qui s’aventure à Rangoun, l’ancienne capitale de la Birmanie, deux anomalies pourraient bien sauter aux yeux. La première, l’absence de motos dans le centre de la mégapole. Elles y sont interdites. La seconde : la plupart des voitures roulent à droite mais sont également équipées d’un volant… à droite ! Deux énigmes fascinantes qui résultent d’une combinaison d’histoire, de politique et de pratiques locales.
Depuis le coup d’État militaire de février 2021, la Birmanie est plongée dans une crise profonde qui affecte tous les aspects de la société, y compris l’éducation. Dans un contexte de boycott des écoles contrôlées par la junte et d’émergence de systèmes éducatifs alternatifs, Nicolas Salem-Gervais, co-auteur de Education in Post-Coup Myanmar : A Shattered Landscape with Resilient Actors (IRASEC/KAS/IHRP), décrypte les enjeux de l’éducation dans un pays en pleine tourmente. Entre résilience des acteurs éducatifs et aspirations à la construction d’un état fédéral, l’avenir de la jeunesse birmane est plus incertain que jamais.
Dans le pays aux mille pagodes, les épreuves et la guerre sont source de fractures et d’inégalités criantes. Territoire morcelé soumis à la vindicte arbitraire d’une armée acculée, la Birmanie se déchire tandis que ses institutions vacillent. Au cœur de ce drame civil, des enfants s’accrochent à la seule planche de salut qui leur reste : l’école… Quand elle est encore possible !