COMPTABILISER ET RECONSTRUIRE
À Cebu City, ville dense, polluée et poussiéreuse, chaque arbre avait son importance. Avec le typhon, le vert de la ville s’atténue encore. Dans le petit Centre Enfants du Mékong d’Inayawan, le manguier près de la cuisine, avalé par le typhon, a entrainé dans sa suite le préau, lieu essentiel pour la communauté. S’y rassemblaient les jeunes du programme, les parents lors des formations, les volontaires philippins qui y organisaient et y distribuaient chaque semaine des alimentaires pour 150 familles du quartier, les préparations des déjeuners des enfants des crèches… Il faudra le rebâtir !
Ate Helen, la responsable du Centre d’Inayawan, est une femme incroyable qui, du haut de son mètre soixante, a su ériger, orchestrer et accompagner ce beau programme de parrainage qui regroupe 49 filleuls actuellement, 98 personnes âgées, une centaine d’enfants en garde- ries et leurs parents : toute une communauté qui vit grâce à elle et aux parrains et marraines de l’association. Ate Helen, deux jours après le typhon, encore émue, se sent dépassée. Nous essayons de la rassurer et de lui apporter notre soutien.
Heureusement, Ate Helen ne se laisse jamais abattre très longtemps. Comme toujours elle est incroyable et encore une fois elle va nous aider afin qu’ensemble nous puissions noter les dégâts, faire des devis pour reconstruire !
Tant qu’Ate Helen et sa communauté sont là, l’âme et la joie du quartier perdurent. Plus d’un mois après, la situation dans les bidonvilles s’améliore peu à peu. Les réapprovisionnements plus réguliers des supermarchés permettent d’aider plus aisément. Certains n’ont toujours pas retrouvé l’électricité. Les filleuls et leurs familles sont ceux qui seront affectés le plus longtemps. En zone rurale, certains parents ont également perdu leur barque ou leurs plantations. Il faut 20 ans pour qu’un manguier donne des mangues, 7ans pour avoir des noix de coco et 2ans pour des bananes. Ce sont des centaines de familles qui se retrouvent sans ressources à moyen terme. Mais les conséquences matérielles ne doivent pas non plus masquer les traumatismes vécus par nos filleuls comme en témoignait Generie Baoya : » C’est une expérience vraiment traumatisante, l’expérience d’une vie, et on ne l’oubliera jamais. C’était tellement horrible ! Une expérience indélébile en effet. »