Des nouvelles du Centre de Dumaguete

Aux Philippines, notre Centre à Dumaguete accueille 29 filleuls depuis 2012.

Caroline, volontaire Bambou depuis 2 ans maintenant, nous donne des nouvelles. « Arrivée au Centre de Dumaguete en septembre dernier, j’occupe la fonction de coordinatrice du Centre depuis maintenant dix mois. Grâce à la générosité des parrains, ces jeunes ont la formidable opportunité d’étudier à l’université et de vivre dans un centre Enfants du Mékong. Etant sur le terrain, je peux vous assurer que c’est une chance extraordinaire pour eux : en plus d’être aidés financièrement, ils bénéficient d’un cadre de vie où ils peuvent étudier dans de bonnes conditions, de faire des amis, et grandir afin de devenir des adultes responsables.

Les équipes

Le Centre a subi de nombreux changements des équipes au cours des derniers mois. Nous avons trouvé une nouvelle travailleuse sociale : elle s’appelle Kimberly (« Ate Kim »). Elle a 26 ans et est originaire de la ville d’Ilo Ilo, située sur l’île de Panay pas très loin de Negros. Elle est arrivée au centre en octobre 2019. Elle est en charge du suivi social des jeunes et de leurs familles, ainsi que de l’aspect administratif de mise en conformité des Centres selon les standards des services sociaux philippins.

Demi, travailleuse sociale à Dumaguete
« Ate Kim », travailleuse sociale à Dumaguete
"Ate Jo"
« Ate Jo »

Ceux d’entre vous qui parrainent depuis plusieurs années ou ont été volontaires à Dumaguete connaissent bien « Ate Jo », qui est notre surveillante de Centre depuis son ouverture en 2012. On l’appelle localement notre « house parent » car elle a un vrai rôle de maman pour les jeunes. Elle vit au centre, et prend les jeunes en charge après le dîner et jusqu’au petit déjeuner. Elle supervise l’heure d’étude, ainsi que les tâches des jeunes le matin. Ate Jo est un véritable pilier pour le centre : de par son ancienneté c’est elle connaît le mieux les jeunes ainsi que le fonctionnement du Centre.

Flore est la coordinatrice de programmes de parrainage sur les îles de Negros et Panay. Elle est arrivée aux Philippines en janvier, en remplacement de la volontaire précédente qui avait quitté sa mission. Elle partage son temps entre ses programmes et le Centre. Cependant à cause du coronavirus, elle ne peut presque plus voyager depuis mars, et s’est donc beaucoup investie dans le centre. Son énergie et sa bonne humeur sont communicatifs, et c’est un vrai plaisir de travailler avec elle !

Flore, coordinatrice de programmes de parrainage sur les îles de Negros et Panay
Flore
Caroline, volontaire Bambou
Caroline, volontaire Bambou

Et enfin, moi-même, Caroline. Je suis volontaire bambou depuis presque 2 ans aux Philippines, et depuis septembre dernier au centre de Dumaguete. Je vis au Centre avec les jeunes, et je suis en charge de la gestion administrative, financière et logistique du Centre. J’ai également un rôle pédagogique avec l’organisation régulière d’activités et de formations.

Le coronavirus aux Philippines

Avant de parler des jeunes, je suis obligée de mentionner le fameux coronavirus, car il perturbe fortement la vie du centre depuis presque 6 mois ! En effet, les cas de coronavirus sont en constante augmentation aux Philippines depuis le mois de mars. Le gouvernement philippin a mis tout le pays en confinement à la mi-mars : fermeture des écoles, des commerces non-essentiels, arrêt des transports en commun (bateaux, avions, bus), restriction des autorisations de sortie.

Actuellement, ce confinement est toujours en cours mais de manière plus ou moins allégée selon les régions. A Dumaguete, nous sommes en régime de confinement allégé appelé « modified global community quarantine » depuis le mois de Mai. Officiellement nous ne pouvons sortir que 3 jours par semaine, avec des laissez-passer ; les moins de 21 ans et plus de 60 ans doivent rester chez eux ; les transports sont à capacité et fréquence réduites ; toutes les activités de loisir et touristiques sont fortement réglementées. Les liaisons entre les îles ont repris au compte-goutte, mais cela reste extrêmement compliqué de passer d’une région à une autre.

Enfants du Mékong s'adapte pour aider les jeunes d'Asie

Ce confinement prolongé a un impact économique très important pour le pays. Le tourisme, qui est une source de revenu important pour le pays, est toujours à l’arrêt. Près de 25 millions de philippins ont été forcés d’arrêter leur travail pendant près de 3 mois à cause du confinement, ce qui se traduit ici par une absence totale de revenu. Et enfin, le pays a vu apparaître une forte inflation : à titre d’exemple, le prix du riz a augmenté de 25%.

Lorsque le confinement a été décidé par le gouvernement à la mi-mars, Enfants du Mékong nous a demandé de renvoyer autant que possible les jeunes dans leur famille et de fermer temporairement le centre par mesure de sécurité. Sur les 29 jeunes du centre, 12 n’ont pas pu rentrer chez eux car leur famille vient d’une autre île et tous les bateaux étaient déjà suspendus. Nous avons donc fait le confinement tous ensemble. Depuis, avec l’allègement des mesures de confinement, certains jeunes sont revenus au centre suivre les cours en ligne, qui ont commencé au mois de mai. Mais sur les 12 initialement bloqués au centre, une seule a pu rentrer chez elle, les 11 autres sont toujours ici et n’ont pas vu leur famille depuis plus de 6 mois.

Concernant les universités, les classes ont été suspendues de la mi-mars à la mi-mai. Puis elles ont repris en ligne sur décision du gouvernement. Le second semestre, censé se terminer au mois de juin, est donc toujours en cours. Pour le moment, le gouvernement ne souhaite pas rouvrir les écoles : l’année scolaire 2020-2021 devrait commencer le 24 août et être exclusivement en ligne jusqu’à l’arrivée d’un vaccin aux Philippines. Nous sommes assez consternés par ces mesures qui nous paraissent très excessives et surtout inapplicables aux Philippines, quand on sait que beaucoup de familles pauvres n’ont ni smartphone, ni ordinateur, ni connexion internet…

Beaucoup de philippins ont perdu leur emploi pendant le confinement. Malheureusement, cela concerne beaucoup de nos filleuls, dont les parents occupent souvent des emplois instables et sans aucune sécurité. Les situations de certaines familles sont passées de difficiles à critiques. Nous avons donc décidé d’apporter une aide spéciale aux familles en difficulté. Sur les mois de mars, avril et mai, nous avons envoyé de l’argent aux familles pour leur permettre de s’acheter de la nourriture et de payer des frais de santé. Cette aide a été ajustée au cas par cas, en fonction du revenu de la famille, du nombre d’enfants dans la famille, et de si la famille avait déjà reçu des aides gouvernementales. En effet, le gouvernement a distribué à partir du mois d’avril une aide spéciale pour les familles les plus pauvres. Une initiative que l’on peut saluer, même si elle n’a pas été suffisante ni distribuée de façon parfaitement juste. Sur le centre de Dumaguete, c’est près de 125 000 php (environ 2 300 euros) qui ont été distribués aux familles.

Depuis la reprise des cours en ligne en mai, notre objectif est maintenant de nous adapter à cette situation certes bancale, mais qui risque de durer plusieurs mois ! Au Centre, nous avons donc totalement renouvelé la salle informatique, afin de permettre aux jeunes d’étudier correctement. Pour ceux qui sont à la maison, nous continuons à leur envoyer leur parrainage afin de leur permettre d’acheter du forfait pour leur téléphone. Mais nous savons qu’il leur est très compliqué d’étudier de chez eux. La plupart d’entre eux vient des montagnes, où le réseau est très mauvais : certains sont obligés de grimper aux arbres pour capter internet !

Pour la rentrée à venir, nous avons décidé de demander à tous les jeunes de rentrer au Centre si possible : ainsi, ils pourront étudier dans de bonnes conditions, et nous pourrons vraiment suivre leurs performances académiques. Pour ceux qui seront vraiment bloqués chez eux, nous continuerons de leur envoyer leur parrainage tous les mois.

Evénement du Centre : la retraite de Noël

Depuis plusieurs années, nous organisons chaque année une retraite à la période de Noël. C’est une belle occasion pour les jeunes du Centre de partager un moment spirituel tous ensemble. Depuis 2 ans, il est de tradition que la retraite soit organisée par les jeunes les plus âgés. C’est un bon moyen de les responsabiliser, et également de soulager les équipes qui ont déjà beaucoup de choses à faire !

Cette année, nous avons passé un week-end dans une maison de retraite au bord de la mer : autant joindre l’utile à l’agréable ! Nous avons passé un très bon moment tous ensemble, ce fut pour moi l’occasion de connaître mieux les jeunes et de découvrir d’autres facettes de leur personnalité.

La retraite de Noël à Dumaguete
La retraite de Noël à Dumaguete

Occuper les jeunes philippins en confinement

Le véritable défi du confinement a été d’occuper les 12 jeunes restés au Centre. Pendant deux mois, les cours ont été suspendus et les jeunes n’étaient pas autorisés à sortir du centre. La période de confinement a donc été l’occasion pour nous de déployer de nombreuses activités au centre : théâtre, soirées quizz, concours d’éloquence, jeux divers, karaokés, mais aussi bricolage et réparations au centre, etc.

Je garde un très bon souvenir de ces mois de confinement passés ensemble. Cela a été l’occasion pour moi de mieux connaître les jeunes et de développer davantage l’aspect éducatif de la mission, que je négligeais un peu auparavant par manque de temps.

Une déception pour nos diplômés du Centre de Dumaguete

Cette année, nous avons 5 jeunes du centre qui terminent leurs études. Malheureusement pour eux, la cérémonie de remise de diplôme a été annulée à cause du Covid, ainsi que la traditionnelle fête de nous faisons au Centre avec leurs familles pour célébrer leur diplôme. C’est une grosse déception pour eux et pour nous, car nous attendions tous ces événements avec impatience. Mais nous espérons toujours pouvoir fêter cela avec eux plus tard, quand le pays aura repris une vie normale.

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Bravo à nos diplômés !

Marlon a obtenu un Bachelor d’ingénieur civil. Il doit encore passer son « Board Exam », un examen d’Etat qui lui permettra d’obtenir une licence. Pour cela, il doit réviser pendant 6 mois dans un centre privé à Cebu. A cause du coronavirus, nous ne savons pas encore cela sera possible. Nous espérons qu’il pourra commencer sa révision en novembre 2020 et passer le Board Exam en mai 2021.

 

Cecilio a obtenu un Bachelor en comptabilité. Il doit également passer un Board Exam pour exercer en tant que comptable. Comme pour Marlon, il va probablement commencer sa révision en novembre pour passer son Board Exam en mai. Il devra pour cela partir sur Manille, où sont les meilleurs centres de révision. En attendant de pouvoir commencer sa révision, Cecilio a décidé de travailler quelques mois pour aider sa famille. Il a trouvé un poste de comptable dans une petite boîte à Dumaguete. Félicitations !

John Lea et Danny ont tous deux obtenu un Bachelor en Gestion et Administration des entreprises, option finance. Ils n’ont pas de Board Exam à passer, et peuvent tout de suite exercer dans l’entreprise de leur choix. John Lea a déjà commencé à chercher du travail ; quand à Danny, il est toujours bloqué sur l’île de Siquijor et attend que la situation se calme pour pouvoir venir à Dumaguete.

Nily a obtenu un Bachelor en enseignement, spécialité anglais. Elle doit également passer un Board Exam, mais contrairement à Marlon et Cecilio, elle peut rester faire sa révision à Dumaguete. Elle va donc rester encore au centre quelques mois.

Merci à tous les parrains de ces jeunes pour leur générosité !

Un forum de recherche d'emploi en ligne

Qui dit remise de diplôme dit forum de recherche d’emploi. Chaque année, Enfants du Mékong organise plusieurs « Job Hunting Seminar » dans toutes les Philippines. Lors de cet événement, les jeunes diplômés reçoivent des formations visant à les accompagner dans leur entrée sur le monde du travail : rédaction de CV et lettre de motivation, préparation d’entretien, etc.

Cette année, à cause du coronavirus encore une fois, impossible d’organiser cet événement. Cependant, nous avons pu le remplacer par une formation en ligne, grâce à un nouveau partenariat que nous avons développé avec la société Accenture à Cebu. Chaque jeune a eu la chance d’être coaché par un professionnel d’Accenture lors de trois vidéoconférences : la première séance était dédiée à la rédaction du CV et de la lettre de motivation, la deuxième à la préparation de l’entretien d’embauche, la troisième séance était un entretien d’embauche fictif. Les jeunes ont beaucoup apprécié le coaching. Nous espérons que grâce à cela, ils trouveront facilement un travail.

Les projets du Centre de Dumaguete pour les jeunes

Au cours des derniers mois, nous avons passé du temps à améliorer le Centre par toutes sortes de réparations et de projets. Je voudrais ici vous en présenter deux : la construction d’un nouveau compost, et le renouvellement du parc informatique du Centre.

Un des grands sujets sur lequel nous essayons de sensibiliser nos jeunes est l’écologie. Ici aux Philippines, la pollution plastique est un problème qui apparaît de façon évidente lorsqu’on se promène dans la rue ou que l’on va à la plage : on trouve des déchets absolument partout. Au Centre, nous essayons donc d’éduquer nos jeunes à la réduction des déchets et au tri sélectif. La réduction des déchets est difficile à mettre en œuvre, car les produits sans emballage sont rares ici, et curieusement, les produits unidose sont moins chers que les produits de taille « familiale » … Difficile donc d’encourager nos jeunes à aller vers les produits les plus chers quand on connaît leurs difficultés financières. En revanche, le tri sélectif est possible et ne coûte rien ! Ainsi, après une formation sur l’écologie, nous avons décidé d’améliorer notre système de poubelle, et de construire un nouveau compost pour recueillir les déchets organiques. Les jeunes se sont beaucoup investis dedans, et depuis c’est un franc succès : le compost est très bien géré ! Nous sommes donc ravis de ce projet !

   

 

 

 

 

Un autre sujet d’actualité avec les cours en ligne qui se prolongent était le renouvellement du parc informatique du centre. Lorsque je suis arrivée au centre en septembre dernier, seulement quatre ordinateurs étaient en état de marche : deux ordinateurs fixes qui avaient été achetés il y a plusieurs années, et deux ordinateurs portables qui avaient été donnés au centre. C’était donc très insuffisant pour le centre, et d’autant plus avec les cours en ligne qui nécessitent l’utilisation d’ordinateurs.

Nous avons donc fait une demande auprès du siège pour acheter 6 nouveaux ordinateurs. Cette demande a par chance été acceptée, et nous avons donc pu acheter deux ordinateurs performants pour les jeunes utilisant de gros logiciels, ainsi que quatre ordinateurs adaptés à un usage bureautique. Nous avons donc maintenant 9 ordinateurs en étant de marche, ce qui représentera un ratio de 4-5 étudiants par ordinateur à la rentrée.

la nouvelle salle informatique
La nouvelle salle informatique de Dumaguete

A quand les nouveaux volontaires "Bambous" au Centre ?

Encore et toujours à cause du coronavirus, nous ne savons pas quand les prochains volontaires arriveront en mission. Les frontières des Philippines sont pour l’instant toujours fermées, il nous est donc impossible d’obtenir des visas. Le siège d’Enfants du Mékong est en négociation avec l’ambassade des Philippines pour obtenir des visas longue durée, mais nous ne savons pas si cela sera possible, et si oui quand. Pour le moment, nous nous préparons donc au pire scénario, à savoir pas de volontaire avant plusieurs mois. Flore, la coordinatrice de programmes de parrainage, rentre en France dans 2 semaines, les responsables de programme devront donc se débrouiller sans volontaire à partir de cette date. De mon côté, j’ai accepté de retarder mon départ au mois de septembre, avec l’espoir que nous puissions envoyer les volontaires d’ici là. Et si ce n’est pas possible, ça sera Kim la travailleuse sociale du centre qui reprendra temporairement mes activités. C’est bien sûr une grande déception pour nous, et nous espérons de tout cœur que la situation va s’arranger le plus rapidement possible.

Le parrainage sauve des vies aux Philippines : merci !

Caroline, volontaire Bambou aux Philippines

Etant ici sur le terrain, je peux constater chaque jour à quel point le parrainage est utile et précieux pour vos filleuls et à leurs familles. Il permet non seulement à ces jeunes d’avoir accès à l’éducation, mais également d’être mieux accompagnés sur le plan humain !

Comme on dit ici : Salamat Kaayo !

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