Ce confinement prolongé a un impact économique très important pour le pays. Le tourisme, qui est une source de revenu important pour le pays, est toujours à l’arrêt. Près de 25 millions de philippins ont été forcés d’arrêter leur travail pendant près de 3 mois à cause du confinement, ce qui se traduit ici par une absence totale de revenu. Et enfin, le pays a vu apparaître une forte inflation : à titre d’exemple, le prix du riz a augmenté de 25%.
Lorsque le confinement a été décidé par le gouvernement à la mi-mars, Enfants du Mékong nous a demandé de renvoyer autant que possible les jeunes dans leur famille et de fermer temporairement le centre par mesure de sécurité. Sur les 29 jeunes du centre, 12 n’ont pas pu rentrer chez eux car leur famille vient d’une autre île et tous les bateaux étaient déjà suspendus. Nous avons donc fait le confinement tous ensemble. Depuis, avec l’allègement des mesures de confinement, certains jeunes sont revenus au centre suivre les cours en ligne, qui ont commencé au mois de mai. Mais sur les 12 initialement bloqués au centre, une seule a pu rentrer chez elle, les 11 autres sont toujours ici et n’ont pas vu leur famille depuis plus de 6 mois.
Concernant les universités, les classes ont été suspendues de la mi-mars à la mi-mai. Puis elles ont repris en ligne sur décision du gouvernement. Le second semestre, censé se terminer au mois de juin, est donc toujours en cours. Pour le moment, le gouvernement ne souhaite pas rouvrir les écoles : l’année scolaire 2020-2021 devrait commencer le 24 août et être exclusivement en ligne jusqu’à l’arrivée d’un vaccin aux Philippines. Nous sommes assez consternés par ces mesures qui nous paraissent très excessives et surtout inapplicables aux Philippines, quand on sait que beaucoup de familles pauvres n’ont ni smartphone, ni ordinateur, ni connexion internet…
Beaucoup de philippins ont perdu leur emploi pendant le confinement. Malheureusement, cela concerne beaucoup de nos filleuls, dont les parents occupent souvent des emplois instables et sans aucune sécurité. Les situations de certaines familles sont passées de difficiles à critiques. Nous avons donc décidé d’apporter une aide spéciale aux familles en difficulté. Sur les mois de mars, avril et mai, nous avons envoyé de l’argent aux familles pour leur permettre de s’acheter de la nourriture et de payer des frais de santé. Cette aide a été ajustée au cas par cas, en fonction du revenu de la famille, du nombre d’enfants dans la famille, et de si la famille avait déjà reçu des aides gouvernementales. En effet, le gouvernement a distribué à partir du mois d’avril une aide spéciale pour les familles les plus pauvres. Une initiative que l’on peut saluer, même si elle n’a pas été suffisante ni distribuée de façon parfaitement juste. Sur le centre de Dumaguete, c’est près de 125 000 php (environ 2 300 euros) qui ont été distribués aux familles.
Depuis la reprise des cours en ligne en mai, notre objectif est maintenant de nous adapter à cette situation certes bancale, mais qui risque de durer plusieurs mois ! Au Centre, nous avons donc totalement renouvelé la salle informatique, afin de permettre aux jeunes d’étudier correctement. Pour ceux qui sont à la maison, nous continuons à leur envoyer leur parrainage afin de leur permettre d’acheter du forfait pour leur téléphone. Mais nous savons qu’il leur est très compliqué d’étudier de chez eux. La plupart d’entre eux vient des montagnes, où le réseau est très mauvais : certains sont obligés de grimper aux arbres pour capter internet !
Pour la rentrée à venir, nous avons décidé de demander à tous les jeunes de rentrer au Centre si possible : ainsi, ils pourront étudier dans de bonnes conditions, et nous pourrons vraiment suivre leurs performances académiques. Pour ceux qui seront vraiment bloqués chez eux, nous continuerons de leur envoyer leur parrainage tous les mois.