Augustin Jusot : riche de ses rencontres

Ancien volontaire Bambou, Augustin Jusot a découvert le Cambodge grâce à Enfants du Mékong. Des années plus tard, ses souvenirs et son attachement à l’œuvre sont intacts au point qu’il a choisi de s’engager à nouveau en France cette fois, en devenant délégué pour l’association dans la région Auvergne Rhône-Alpes où il s’est installé.

Ancien volontaire Bambou, Augustin Jusot a découvert le Cambodge grâce à Enfants du Mékong. Des années plus tard, ses souvenirs et son attachement à l’œuvre sont intacts au point qu’il a choisi de s’engager en France cette fois, en devenant délégué pour l’association dans la région Auvergne Rhône-Alpes où il s’est installé.

Texte : Antoine Besson

D’aussi loin qu’il se souvienne, Augustin a toujours rêvé d’aventures et d’Asie. « Lorsque j’étais petit, nous avions de temps en temps à la maison la visite d’Yves Meaudre [alors directeur général d’Enfants du Mékong, ndlr] qui était le parrain de ma sœur. À chaque fois, il lui rapportait de ses voyages des poupées pittoresques brodées dans des ethnies et nous racontait ses voyages extraordinaires.» Il n’en faut pas plus au petit dernier de cette fratrie de 6 enfants pour s’imaginer en Indiana Jones moderne dans les pas de cet illustre aîné.

Pourtant, en grandissant, c’est vers d’autres territoires et idéaux, moins exotiques, que le jeune homme se tourne. À 25 ans, Augustin travaille pour le maire d’Arcachon. Ce qu’il avait imaginé être une opportunité de changer les choses et de se mettre au service de son pays lui apparait rapidement être une fausse bonne idée. Déçu d’un monde politique « où tout le monde se tire dans les pattes », Augustin se demande comment rebondir et quelle direction donner à la fougue qui l’anime.

Village au Cambodge, Yves Meaudres allait souvent en mission voir les familles.

Il se souvient alors d’Yves Meaudre et lui demande conseil. En quelques mois, sans véritablement en prendre conscience, Augustin réalise son rêve d’enfant et monte dans un avion : destination Battambang au Cambodge. À l’époque, les appréhensions sont plus fortes que l’excitation du départ : « Vais-je m’ennuyer dans cette mission ? Comment valoriser professionnellement cette expérience ? » Nous sommes en mars 2013 et Augustin s’embarque pour quelques mois, se dit-il.

J’ai appris à me décentrer de moi-même, et j’ai découvert l’interdépendance.

Il ne rentrera en France que trois ans plus tard après avoir coordonné de nombreux projets au Cambodge, en Thaïlande et en Birmanie. Surtout, il rentrera changé : « Cette expérience a été un énorme facteur d’évolution pour moi. J’ai appris à me décentrer de moi-même et j’ai découvert l’interdépendance avec les gens qu’on aide. »

La confiance d’Enfants du Mékong envers les volontaires qu’elle envoie le marque et oriente son parcours professionnel. Il entre dans une agence d’intérim où il met à profit ce qu’il a appris en Asie : « prendre en compte la diversité culturelle, donner davantage d’autonomie à ceux qui vous sont confiés, faire confiance et surtout, surtout garder à l’esprit que je ne suis pas indispensable : je ne suis que le maillon d’une chaîne ! »

AUGUSTIN, DÉLÉGUÉ AU SERVICE DE LA SOLIDARITÉ

Augustin, Monthita (staff EdM), et une volontaire Bambou, devant les bureaux d’EdM à Bangkok (Thaïlande).

C’est d’ailleurs pour demeurer un maillon actif que quelques années après son retour, Augustin décide de reprendre du service au-delà de son parrainage. À 37 ans, le voilà délégué dans la ville de Lyon où il vit aujourd’hui : « Délégué, c’est un terme que j’aime bien car il dit exactement la manière dont je ressens cette mission : nous sommes des passeurs, nous jouons en équipe, chacun avec ses forces et ses faiblesses, mais être ensemble nous permet de faire mieux et plus ! »

Nombreuses sont les figures évoquées par Augustin qui sont ses modèles ou des repères aujourd’hui. Il y a Martin Maindiaux, directeur Cambodge de l’association dont la fidélité au projet éducatif l’a interpelé, sa filleule Sok Im, dont les parents sont analphabètes mais qui occupe un poste d’ingénieur en informatique et qui aide sa famille ou encore un couple d’expatriés rencontrés lors de sa mission : les Désveaux. « C’est en réalité cela la richesse de nos missions en tant que volontaire ou délégué chez Enfants du Mékong : les rencontres que l’on peut y faire ! »

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