L’espérance des enfants des rues de Manille

« L’Espérance au Cœur » est une chronique hebdomadaire animée par Antoine Besson, journaliste et rédacteur en chef du magazine Asie Reportages.

« Bonjour chers auditeurs,

Je suis cette semaine aux Philippines, à Manille. Dans cette ville gigantesque où se côtoient tous les extrêmes. Les plus riches comme les plus pauvres aux Philippines, habitent Manille. Les bidonvilles y sont si nombreux et si grands qu’ils sont devenus des quartiers de la ville. On y nomme « maison » les petites bâtisses de tôles et de bois comme s’il était parfaitement normal de vivre dans l’inconfort et l’insalubrité. Ici la misère est devenue la norme et les enfants jouent au bord des décharges. De temps en temps, quand la promiscuité devient insupportable et que les autorités perdent patiences, un incendie criminel opportun vient détruire les frêles habitations de bois. Puis, le bidonville se reconstruit sur les cendres encore fumantes.

Manille : cette ville gigantesque où se côtoient les extrêmes

Enfants des rues de Manille ©Antoine Besson
Enfants des rues de Manille ©Antoine Besson

Le tableau semble bien sombre et pourtant, dans cet enfer de saleté et de promiscuité, que de lumière brillait hier dans les yeux des enfants que j’ai rencontrés. Leur joie était évidente. Hier j’ai accompagné Madame Percy, une dame de 63 ans, dans le bidonville de Market 3. Elle s’y rend tous les après-midi pour y faire la lecture dans la rue aux enfants. A peine étions nous arrivés qu’une ribambelle d’enfants a surgit autour de nous. Les visages et les pieds recouverts de cendres noires. Le bidonville de Market 3 a justement été victime il y a un mois d’un de ces «incendies opportuns» privant en quelques heures plus de 800 familles du peu de foyer qu’elles avaient réussi à arracher à la rue hostile. Ces petits charbonniers nous ont immédiatement investi pour jouer avec nous, grimper sur notre dos, sauter dans nos bras. Madame Percy a étendu quelques nattes sur le sol en pleine rue. Sorti quelques livres. Et la magie a opéré. Le tourbillon a cessé. Les enfants écoutaient l’histoire de cette ferme aux animaux que leur racontait madame Percy au milieu du brouhaha de la rue et des reconstructions.

Je voulais aujourd’hui vous partager cette lumière que j’ai vu briller si intensément dans l’obscurité de Manille. La joie vive des enfants, le dévouement de madame Percy entièrement donnée à sa mission alors qu’elle-même ne vit quasiment de rien dans les mêmes conditions que tous ces enfants, dans un autre bidonville. Non pas parce que cette lumière justifie les conditions de vie de ses enfants. Non pas parce qu’elle amoindrit l’horreur. Mais parce que si l’ombre n’existe pas sans la lumière, de même, il n’existe aucune part de misère qui ne comporte sa part d’espérance. Ce sont ces lumières, ces énergies, ces enfants, leurs espoirs et leurs joies, que nous devons en premier lieu considérer pour trouver en nous la force et les moyens de changer les choses. »

Antoine Besson

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