Le parrainage et l’instruction sauvent des vies

« L’Espérance au Cœur » est une chronique hebdomadaire animée par Antoine Besson, journaliste et rédacteur en chef du magazine Asie Reportages.

« Bonjour chers auditeurs,

Hier, j’ai rencontré à Phnom Penh au Cambodge l’une de nos anciennes filleules de la région du Bantey Meanchey. Kong Ka a aujourd’hui 28 ans. Mais elle en avait seulement 13 quand ses parents ont fui leur maison pour échapper à la pression de leurs créanciers. Ils laissaient derrière eux 5 jeunes filles démunies. Kong Ka a encore le visage qui se trouble quand elle évoque la peur qui l’habitait à l’époque. La jeune fille craignait le moment inéluctable où les hommes des environs découvriraient qu’elles vivaient seules toutes les cinq et que l’un d’entre eux, mal intentionné, s’introduirait de nuit chez elles.

Plutôt que d’attendre que l’inévitable ne se produise, Kong Ka a pris les devants. Elle a emprunté un vélo et s’est rendu tous les jours au centre d’Enfants du Mékong à Sisophon pour demander de l’aide. Au début, refoulée, elle insiste. Elle sait que la détermination est sa meilleure arme. Sa seule arme en réalité. Son opiniâtreté payera. Il faut parfois savoir tenir tête au destin et forcer la charité.

Kong Ka est finalement accueillie dans le centre de Sisophon avec sa sœur ainée. La joie de vivre dans un environnement sécurisant est cependant gâchée par l’inquiétude de savoir que ses trois sœurs cadettes vivent sans aller à l’école, chez sa tante à Phnom Penh. Les savoir en danger dans un bidonville gâche ses opportunités. Plutôt que d’aller à l’université et ce malgré une bourse offerte, elle préfère un diplôme professionnalisant dans l’hôtellerie. Kong Ka pourra ainsi plus rapidement gagner de l’argent et prendre soin de sa famille.

     Sa seule arme est la détermination

Eleves de Sisophon, au Cambodge ©Antoine Besson
Eleves de Sisophon, au Cambodge ©Antoine Besson

Suit une ascension fulgurante jusqu’à un jour une candidature à une émission de télé-réalité : the Cambodia’s next top model ! Qu’elle gagne. Du jour au lendemain, la voilà consacrée l’une des plus belles jeunes femmes du Cambodge. Elle défile sur les podiums, anime des émissions de télévision et… peut rembourser les dettes de ses parents, assurer la sécurité de ses sœurs et leur payer une nouvelle maison.

Aujourd’hui, quand Kong Ka se retourne sur son parcours, elle confie sans rougir qu’elle a eu pour la première fois le sentiment d’appartenir à une famille le jour où elle est rentrée chez Enfants du Mékong. Les lettres de ses parrains et marraines lui ont donné une force nouvelle. Elle a compris qu’elle n’était pas seule.

Cette histoire est comme un conte de fée. Il commence dans une maison abandonnée et termine dans un univers de paillettes. Il raconte le bonheur d’une petite fille qui avait pourtant tout pour subir le pire. Sa détermination et le parrainage lui ont sauvé la vie parce que comme l’affirme Kong Ka aujourd’hui : « Seule l’instruction peut sauver les filles au Cambodge ! »

Merci Kong Ka pour ton courage et ta force qui en inspireront beaucoup d’autres j’en suis sûr ! »

Antoine Besson

Des nouvelles du Centre de Sisophon