Sauver des vies en parrainant

Tous les vendredis, retrouvez « L’Espérance au coeur », la chronique d’Enfants du Mékong par Antoine Besson, journaliste et rédacteur en chef du magazine ‘Asie Reportages‘.

 

 

« Je n’ai pas de rêve. Pourquoi en avoir un puisque je suis pauvre ? » Voilà la misère dans laquelle vivent la plupart de nos filleules. Ces mots sont ceux d’une jeune Thaïlandaise originaire de l’Issan, en plein triangle d’or. Toute jeune, elle a été témoin des horreurs de la drogue. Elle vit dans une région où la fidélité n’existe quasiment pas et où la plupart des familles sont séparées. Chacun doit supporter sa propre misère et essayer d’élever comme il peut ses enfants. La pauvreté, c’est le manque de moyens matériels, la misère c’est quand ce manque étouffe la vie qui est en vous. Quand à force de souffrir, vous vous résignez, vous perdez espoir, vous ne croyez plus que la vie mérite d’être vécue… Que dire d’un enfant qui n’ose plus rêver si ce n’est qu’il n’ose plus vivre ? Comment continuer à vivre comme avant, conscient de ce scandale, de la conditions de ces enfants malheureusement si nombreux. « La misère commence là ou sévit la honte » écrivit le père Joseph Wresinski en 1987 du Conseil économique et social français dans le rapport Grande pauvreté et précarité économique et sociale.


Cette phrase a changé le cours de la mission de Camille Schaefer, volontaire Bambou d’Enfants du Mékong. « J’ai d’abord été attristée qu’une jeune fille pense qu’elle n’ait pas le droit de rêver, (…). A partir de ce jour-là, j’ai compris la vraie force du parrainage. Le parrainage offre l’opportunité de rêver. Et quoi de plus important pour un enfant, pour un jeune, que de rêver ? »

Petite fille dans le foyer de Wiang Kaen, dans le Nord Thaïlande @Adélaïde Faÿ
Petite fille dans le foyer de Wiang Kaen, dans le Nord Thaïlande @Adélaïde Faÿ

Une autre histoire, une autre rencontre, un autre rêve a bouleversé Camille. « C’était à Klong Lan, toujours en Issan, dans les petits villages des montagnes. La sœur avec qui je travaille m’avait demandé de venir rendre visite à une famille qui avait besoin d’aide, raconte Camille. Après quelques kilomètres de voiture, j’arrive devant la «maison». Difficile de nommer ce que j’avais en face de moi comme «maison». Quatre murs de taule enfermant quatre mètres carrés. Au centre de la pièce, j’ai découvert le père, entièrement paralysé, sur son lit d’hôpital. Autour, il y avait la maman, et les deux filles. Thongchai a eu son accident sur un chantier, il est tombé d’un immeuble. Depuis, il est devenu totalement dépendant de sa femme. Ils étaient pourtant en train de construire une nouvelle maison. Rêve brisé. Plus aucun des parents ne peut travailler. J’étais bouleversée, j’essayais de garder mon émotion. J’ai senti la mère épuisée, triste. Que faire avec deux enfants à charge ? Croire en la solidarité. La force de la solidarité est impressionnante dans les villages. Ici, chacun les aide comme il peut avec un sac de riz ou un peu d’argent. Et pourtant, ils sont pauvres, eux aussi. « La pauvreté n’empêche pas le partage » a coutume de dire sœur Anna ! »

 

Désormais, nous parrainons Lamyai. Elle a huit ans, elle est en CE1. Puisqu’on vous dit que le parrainage sauve des vies ! Retrouvez le magnifique témoignage complet de Camille ici !