Les larmes de Úc

Tous les vendredis, retrouvez « L’Espérance au coeur », la chronique d’Enfants du Mékong par Antoine Besson, journaliste et rédacteur en chef du magazine ‘Asie Reportages‘.

« Chaque filleul a son histoire touchante et bouleversante, j’aimerais vous partager une rencontre qui a particulièrement remué l’une de nos bénévoles au Vietnam. Celle de Bach Kim Úc.

Sylvie nous raconte : « Je me suis rendue dans sa famille et je ne m’attendais pas à être aussi émue. J’étais accompagnée de la responsable du programme, Sœur Thuy, et de M. Tú, volontaire qui aide les sœurs dans leur mission d’accompagnement. La maison de Úc se situe en bord d’une route paisible de la commune de Tan Chau. Sa mère nous a accueillis avec un sourire timide. Nous avons été invités à nous installer dans la pièce à vivre pour échanger. Úc a paru timide. Assez impressionné de notre présence. Il a répondu avec beaucoup de politesse et en regardant très souvent sa mère, à la recherche de réconfort. Úc a 13 ans et est en 5ème, il fait chaque jour 15 minutes de vélo pour aller à l’école, où il étudie de 7h à 10h30 du lundi au samedi, il travaille aussi parfois l’après-midi de 13h à 17h. Il prend des cours supplémentaires en mathématiques, cela coûte 250 000 VND par mois à sa famille (9 euros). Les frais de scolarité s’élèvent eux à 2,6 millions VND par an (93 euros). Une vraie fortune pour cette famille aux faibles revenus !

Sa mère a une maladie du cœur depuis 7 ans et ne peut plus travailler. Son père porte à lui seul la responsabilité de la survie de la famille. Il est journalier et gagne 150 000 VND par jour (5,30 euros). Il travaille entre 15 et 20 jours par mois. La maison qui a été donnée par la grand-mère, est faite de brique et d’un toit de tôle, qui rend l’intérieur très chaud et fait effet four.

Lorsque j’ai demandé à Úc s’il voulait faire passer un mot à sa marraine, il y a eu un silence, il a ensuite murmuré tout bas qu’il voulait la remercier de les aider depuis si longtemps (bientôt 6 ans). Des larmes silencieuses ont commencé à rouler sur ses joues, ces larmes reflétaient l’immense gratitude qu’il lui porte;  sa mère aussi était en larmes, ce moment très fort m’a bouleversée et j’ai eu beaucoup de mal à ravaler les miennes. Il a ensuite rajouté que cet argent soulage sa famille et cela lui permet d’aller à l’école. Il s’efforce de bien travailler pour réussir ses études et avoir un bon travail, afin d’aider ensuite sa famille. »

La distance n’est rien quand le cœur est sincère. Les larmes de Úc font mentir le dicton et sont la plus belle preuve d’amour qu’un enfant puisse envoyer à une marraine qu’il n’a pourtant jamais vue. Merci à chacun et plus particulièrement à cette marraine généreuse. » Antoine Besson