« L’éducation changera ma vie, j’en suis sûre ! »

Aujourd’hui, c’est au tour des filleuls Enfants du Mékong de s’exprimer. Leurs rêves, leur passé, leur avenir… Antoine Besson, journaliste chez Enfants du Mékong, nous fait découvrir Kanokporn, une jeune thaïlandaise dont le rêve est d’être professeur. Témoignage recueilli par Mélanie Crozat.

Aujourd’hui, c’est au tour des filleuls Enfants du Mékong de s’exprimer. Leurs rêves, leur passé, leur avenir… Antoine Besson, journaliste chez Enfants du Mékong, nous fait découvrir Kanokporn, une jeune thaïlandaise dont le rêve est d’être professeur. Témoignage recueilli par Mélanie Crozat.

Ecoutez sa chronique juste ici :

 

 

« Aujourd’hui je voudrais vous parler des rêves. C’est un terme qui est à mon sens un peu trop galvaudé de nos jours. Le rêve c’est soit le domaine de l’irréel, ce qui ne peut pas advenir, soit le domaine du futile. Dans le langage courant, on rêve de beaucoup de choses… Pourtant le rêve est aussi essentiel. Partout où il y a de la vie, il devrait y avoir du rêve. Ce sont les petits pauvres du Mékong qui me l’ont appris.

En Thaïlande, près de Bangkok, ville qui attire chaque année des millions de touristes, il y a un havre de vie sans paix, fait d’abris de fortune cloîtrés entre le port, les canaux et les lignes de chemin de fer, à quelques mètres seulement de l’autoroute, où quelque 100 000 personnes dont des dizaines de milliers d’enfants trouvent refuge. C’est le bidonville de Klong Toey. À la recherche d’un eldorado illusoire et d’un travail bien payé, aux couleurs d’une société de consommation en pleine explosion, les migrants, souvent issus du monde rural, arrivent ici sans diplôme, sans savoir ni lire ni écrire pour certains, occupent des emplois de travailleurs journaliers. Des emplois sous-payés qui constituent des ressources irrégulières. Les familles gagnent ici, pour la plupart, moins de 1 € par jour… Familles éclatées, parents divorcés, enfants abandonnés, grands-parents contraints de travailler pour subvenir aux besoins des petits et arrière-petits-enfants, prison, drogue, alcool, la violence est partout… C’est un environnement à la fois dévastateur et moteur. Certains enfants débordent ici d’une soif d’apprendre et de s’en sortir extraordinaire. Malgré toutes les difficultés, ils veulent étudier, le sourire aux lèvres… C’est leur rêve ! C’est le rêve de Kanokporn !

 

Jeune thaïlandaise © Matthieu Delaunay

« Étudier pour un avenir meilleur, souffle Kanokporn. L’éducation changera ma vie. J’en suis certaine. » nous dit-elle. « Nous n’avons pas de ressources suffisantes pour payer le loyer, l’électricité (plus de 50 € mensuels), la nourriture et les frais de ma scolarité. Maman travaille tous les jours, mais cela ne suffit pas. Alors, pour pouvoir aller à l’école, j’ai travaillé plusieurs années à la décharge de Bangkok, mais elle a fermé. J’ai alors arraché les cheveux blancs des gens du bidonville pour 50 bahts (1,25 €) et nettoyé les oreilles pour 40 bahts (1 €). Mais cela n’a pas suffi. Nous avons cumulé quatre semestres de retard à l’école… Il m’a alors fallu trouver un autre travail. Sans cela, j’aurais dû arrêter l’école. Et la chance m’a souri. Non seulement j’ai trouvé un travail dans un restaurant pour laver la vaisselle après l’école où je gagne 200 bahts (5 €) par jour, mais en plus je viens d’apprendre que je vais avoir un parrain. Un homme bon et généreux qui veut m’aider à continuer à aller à l’école. C’est fantastique ! Avec son aide, je vais pouvoir continuer, c’est sûr ! Je ne peux pas m’arrêter de travailler car il faut rembourser les semestres de retard et je veux aider maman pour acheter de la nourriture. Mais ce n’est pas grave, ça ! Et puis, quand on aura remboursé les dettes, je pourrai peut-être commencer à économiser pour les prochaines années. Je veux aller à l’université. J’ai participé à un concours de sciences lors d’un show télévisé lorsque j’étais en classe de 6e. J’ai gagné la médaille d’or. J’ai aussi participé à un concours local de beauté pour le Nouvel An. J’ai terminé deuxième. J’étais heureuse. C’était étrange toutes ces robes, le maquillage, autant de paillettes et de lumière ! Tout brillait partout et tout le temps ! Mais ce qui m’intéresse vraiment, c’est de devenir professeur de thaï. Professeur, c’est posséder une part du savoir et le transmettre à son tour. C’est être au contact des enfants et leur montrer le bon chemin. Aider les plus faibles à s’améliorer et pousser les meilleurs à se surpasser encore. Je sais que grâce à l’école je peux changer ma vie et celle de ma mère. Je pense que l’école peut changer la vie de beaucoup d’enfants dans le monde. »

A nous de permettre à Kanokporn de réaliser ses rêves !

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Extrait de J’aime mon école. Témoignage recueilli par Mélanie Crozat.