La leçon d’espérance de Pi Tiou

Antoine Besson, journaliste chez Enfants du Mékong, raconte la formidable histoire de Pi Tiou,  l’une de nos responsables de programme en Thaïlande qui vit dans l’Issan, une région frontalière du Laos. Depuis 25 ans, elle accueille de jeunes sidéens dans un centre qu’elle a crée. Nous avons eu la chance de l’accueillir chez nous, à Asnières, hier, où elle nous a livré un témoignage poignant, que vous pouvez retrouver sur notre page Facebook.

 

« Aujourd’hui je voudrais vous emmener en Thaïlande, dans le Nord du Pays réputé pour ses temples et ses montagnes sauvages mais aussi malheureusement pour son tourisme sexuel et son trafic de drogue. Des millions d’enfants sont aujourd’hui encore les victimes directes ou indirectes de la consommation de drogue. Ils sont abandonnés par leurs parents, consomment eux-mêmes ou sont contaminé par le VIH, le Sida.

Ce n’est pas une réalité joyeuse. Mais on ne peut pas sans cesse ignorer les drames et les horreurs qui avilissent notre monde et asservissent les plus faibles à commencer par les enfants ! Si l’espérance est une lumière, elle brille d’autant plus dans les ténèbres ! On ne peut pas ; on ne doit pas, ignorer ces ténèbres. Oui notre monde souffre, bien sûr la misère est parfois d’une telle violence qu’elle entraine nos contemporains dans des comportements inhumains, parfois abjectes. Mais si je vous en parle aujourd’hui, c’est aussi pour vous dire que tout n’est pas perdu. Certes le tableau est sombre, mais au milieu de ces horreurs, des personnalités inconnues se lèvent et combattent les ténèbres par amours de leurs semblables, pour aider ces enfants à s’en sortir, pour les soigner, pour leur donner un toit, pour leur donner une famille. Ces hommes et ses femmes sont extraordinaires. C’est le cas de Pi Tiou, l’une de nos responsables de programme de Thaïlande qui vit dans l’Issan, une région frontalière  du Laos.

Pi Tiou ©DR

En 1991, Pi Tiou a fondé un petit centre tout près de Yasothon : le centre Homehak. Quelques cabanes suffisent pour y aider de jeunes drogués à se désintoxiquer et à reprendre une vie normale. Mais, très vite, Pi Tiou et son équipe se trouvent confrontés au problème du sida, qui touche certains des jeunes. La vocation du centre évolue. Il accueille malades et orphelins, et les volontaires français et thais se lancent dans des campagnes de sensibilisation et de lutte contre le sida, malgré l’hostilité des autorités et les obstacles mis sur leur route. Elle lutte avec acharnement et courage pour que tous les malades du Sida puissent vivre normalement et n’aient pas à cacher leur maladie. Elle s’attaque aux tabous, dénonce la polygamie culturelle des hommes Thaïs. Le centre est finalement reconnu d’utilité publique en mai 2000, et accueille de plus en plus d’enfants et de malades, de familles décimées par la maladie et ne bénéficiant d’aucun soutien humain ou financier.

Si Pi Tiou est si généreuse c’est avant tout parce qu’elle-même vient d’une famille brisée. « Mon père était riche et volage, nous expliquait-elle il y a quelques temps, il m’a éduquée dans l’argent. Mais je me suis rendu compte un jour que les pauvres étaient plus heureux que moi. Et à l’université, j’ai réalisé que les choses du cœur ne s’achètent pas, à la différence des habits et de l’argent que me donnait mon père. Ce n’est pas de cadeaux dont les enfants ont besoin mais d’amour. Et à l’inverse, les enfants doivent savoir qu’il faut aimer les autres. L’amour est pour tous mais il faut commencer par en donner ! » Telle est la formidable leçon de Pi Tiou qui fait naitre l’espérance dans le cœur de millier d’enfants et de famille !

Dans le dialecte de l’Issan, Homehak veut dire « échange d’amour » : ceux qui en ont besoin viennent en chercher ici, ceux qui en ont viennent en donner. Cette femme extraordinaire nous invite à ne pas désespérer de notre monde mais au contraire à croire à la force du don et de l’amour ! »

N’hésitez pas à vous aussi, venir en aide depuis chez vous à ces enfants défavorisés. Vive l’éducation ! Parrainez juste ici !