La force du don
« J’ai commencé à parrainer H’Ku en 2010. Elle était alors âgée de 12 ans. Cette petite fille de minorité ethnique Banhar a perdu ses parents à la naissance et échappé de près à la mort. La coutume était, en effet, de tuer l’enfant lorsque la mère mourait en couches (aviné ou étouffé) et, parfois, de l’enterrer vivant avec la mère défunte pour qu’ils ne soient pas séparés dans la mort. A l’aide d’un énorme travail des équipes locales et de Diem Ly, travailleuse sociale entièrement consacrée à la cause des minorités ethniques Banhar et Jarai dans les Hauts Plateaux du Vietnam, ces pratiques se perdent petit à petit et de remarquables solutions sont proposées aux familles désemparées face à la responsabilité d’un bébé dont la mère a disparu.
H’Ku a été confiée à un couple très pauvre qui ne pouvait pas avoir d’enfants. Ce couple, de la même minorité qu’elle, afin qu’elle reste dans son environnement culturel, l’a accueillie avec joie malgré l’absence totale de ressources. N’ayant pas les moyens d’acheter du lait pour nourrir le bébé, Diem Ly leur en a donné autant que nécessaire grâce à son réseau de parrains et marraines.
J’ai tout de suite été profondément touché par l’histoire de H’Ku, révélatrice de la détresse de ces populations méprisées, marginalisées et parfois persécutées par l’ethnie majoritaire dont ils ne parlent pas la langue ! C’est là une raison de plus de les aider à aller à l’école : valoriser leur existence si précieuse, leur culture si enjouée et leurs talents enfouis sous une autodépréciation bien courante.
Lors de la visite de l’une des représentantes d’Enfants du Mékong sur le terrain, j’ai découvert qu’H’Ku avait gardé sa grand-mère de sang, une très vieille femme aveugle. H’Ku lui était très attachée, la conduisait régulièrement par la main lors de ses déplacements. Comme j’ai sous les yeux cette photo de la grand-mère de H’Ku, je sais que je ne pourrai pas l’abandonner : on imagine pas la force que peut avoir le regard d’une grand-mère aveugle, c’est toute son âme qui me dit de continuer à veiller sur H’Ku.
Quelques années plus tard, H’Ku a dû arrêter l’école après le décès de son père adoptif. Sa mère a vendu leur unique vache pour rembourser les frais d’hospitalisation, puis a demandé à sa fille de l’aider dans le travail – faire paître les vaches, travailler dans les champs – car elle ne parvenait plus à subvenir seule aux besoins du quotidien. Je suis resté attentif à H’Ku cependant et, quelques mois plus tard, les équipes locales ont trouvé une voie satisfaisante pour elle : H’Ku a entrepris une formation en couture. J’ai eu la joie de lui financer cette formation, de lui acheter ensuite une machine à coudre de façon qu’elle puisse installer son petit atelier chez sa mère et aider celle-ci tout en pratiquant ce métier dans le village. Extrêmement vive d’esprit, H’Ku a appris très rapidement. Etant la seule à avoir de telles qualités de couturière dans le hameau, elle peut gagner sa vie en ayant une activité qu’elle aime tout en veillant sur sa mère.
Aujourd’hui, je pense à toutes ces grands-mères qui veulent partir dans la paix en nous disant qu’il y a tant d’autres enfants à aider…
Vous serez surpris par la force du don ! »
Michel Claveyrolas, parrain
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