N’oublions pas les mères adolescentes
Journaliste : Dimanche dernier nous fêtions toutes les mamans et c’est justement de jeunes mamans que vous vouliez nous parler Antoine !
Antoine Besson : Oui Nicolas, vous me connaissez, je ne suis pas toujours très ponctuel et c’est vrai que la fête des mères est derrière nous. Alors évidemment, ça fait un peu réchauffé comme sujet de parler des mamans aujourd’hui à l’antenne. On pourrait dire qu’on est passé à autre chose. Pourtant ce serait dommage car ces mamans dont je voudrais vous parler méritent vraiment notre attention. Ce sont des mamans qui souffrent parfois d’être mères. Des mamans souvent isolées. Je veux parler des jeunes adolescentes mères que j’ai eu l’occasion de croiser souvent lors de mes reportages en Asie.
Ces toutes jeunes mamans de 15 ou 16 ans, parfois plus jeunes, n’appartiennent pas à une catégorie dont on pourrait dresser le portrait en quelques traits… Ce serait forcément mensonger et caricatural. Non toutes ces jeunes mères ont une histoire différente, singulière…
Journaliste : Et pourquoi choisir de nous en parler aujourd’hui ?
Antoine Besson : Parce que ces jeunes mères m’ont marqué. Parce que je crois qu’il est rare qu’on pense spontanément à elle quand on parle de la fête des Mères et pourtant, elles sont mères, elles aussi, même si elles ne l’ont pas toujours choisi. Parce que lorsque je pense à ces jeunes filles, je pense à leur détresse, mais aussi à leur courage… Ce phénomène des mères adolescentes est souvent mis en avant aux Philippines. Là-bas, certaines jeunes filles tombent enceintes par inconscience, d’autre par ignorance, d’autres encore suite à des violences qui ne sont malheureusement pas aussi exceptionnelles qu’on le voudrait dans les bidonvilles et les habitations où la promiscuité est imposée à tous par manque de place.
Au Vietnam, j’ai rencontré aussi de nombreuses mères adolescentes dans les montagnes de Sapa. Je pense notamment à Sung Thi Dua. À l’époque, elle avait 15 ans et portait dans ses bras son enfant de 5 mois. Elle est tombée enceinte à 14 ans ! Dans le pays qui a l’un des taux les plus importants au monde d’avortement, elle élève son fils malgré les difficultés et croyez-moi, elles sont immenses. Rien ne sera facile ni pour ces mères encore enfants ni pour leurs enfants, ni même pour le reste de leur famille. Alors oui, quelque part j’admire ces mères et je crois pour l’avoir vu que l’instruction est une clé essentielle pour faciliter la vie de ces jeunes. Parce qu’avec un peu plus d’instruction, on peut vivre plus décemment, on peut limiter les violences dues à la promiscuité. Avec un peu plus d’instruction, on peut faire de la prévention et éviter à des adolescentes le choix impossible entre leur enfant et son avenir. Avec un peu plus d’instruction, on peut enfin permettre à ces jeunes mères de trouver un emploi décent pour prendre soin de leur famille naissante… Voilà aussi à quoi sert le parrainage dans nos pays d’action. Voilà aussi pourquoi je suis fier d’y participer à ma mesure. Et voilà enfin pourquoi, pour moi, la fête des Mères est aussi l’occasion de vous redire que partout et en toutes circonstances, l’école peut changer la donne et sauver des vies : celles si précieuses des enfants, mais aussi de leur maman !
Merci beaucoup. »
Antoine Besson