Découvrez le désir de votre cœur

Ce témoignage est extrait du livre « J’ai un rêve ».

« J’ai un rêve » est un ouvrage qui témoigne de la vie d’étudiants pauvres mais motivés, étudiants du Centre Docteur Christophe Mérieux, qui racontent surtout  leur aventure en vue d’une bonne éducation. Tous ces étudiants ont obtenu la bourse de l’association Enfants du Mékong pour continuer leurs études universitaires à Phnom Penh.» Bour Pagna, étudiant responsable du livre de témoignage.

Dans la province de Banteay Meanchey, à la frontière Khmero-thailandaise, il existe un village dans lequel se trouve la famille d’une fille pauvre. Voici l’histoire de Sotha :

« Je suis née en 1994, dans une famille pauvre du village de post Chas, commune de Preah netpreah, dans la province de Banteay Meanchey. Mon père s’appelle SEAT Po et ma mère s’appelle NAG Kim. Nous sommes trois. Mes parents sont mariés depuis 1992. Après leur mariage, mon père a acheté un vélo en vue de poursuivre ses études à Battambang ; il était étudiant à l’école de pédagogie. Ma mère n’était pas très instruite, elle resta alors chez mes grands-parents. Elle n’avait pas assez de lait pour moi, alors j’ai mangé du potage dès mon plus jeune âge. En 1995, nous avons déménagé dans le village de Chakrei qui se trouve près de mon lieu de naissance. Nous ne savions pas où loger mais nous trouvâmes une maison dont le toit était en zinc et les murs en bois, construite sur pilotis. Nous en étions très contents, bien que celle-ci, abandonnée depuis deux ans, reposa entièrement sur de la boue.

 

Étudiants à Battambang, Cambodge ©AntoineBesson
Étudiants à Battambang, Cambodge ©AntoineBesson

Père travaillait comme enseignant dans une école primaire où il se rendait chaque jour à vélo. A l’époque, il n’était pas bien rémunéré. Il profitait donc de son temps libre pour aller pêcher. Vu nos difficultés, mère décida d’emprunter de l’argent à nos voisins pour fabriquer de l’alcool et élever une truie. Je me souviendrai toujours du jour où nous n’avons plus eu suffisamment d’argent à nos voisins pour acheter du riz. Mère dut alors emprunter trois cents riels (équivalent de 7 centimes d’euro) à un voisin, disant que son enfant voulait un gâteau et qu’elle n’avait pas assez de petite monnaie pour le lui acheter.

Le temps passait. La saison des pluies arriva. Lorsqu’il pleuvait, les pluies passaient à travers le toit déchiré et nous devions nous abriter sous la maison de nos voisins. A cause de notre niveau de vie, certains de nos voisins avaient du mépris pour nous.

En 2001, mon père m’envoya à l’école, à un kilomètre de chez nous ; je devais y aller à pied. A l’école, j’aurais voulu manger des gâteaux, comme les autres élèves, mais je n’avais pas d’argent. Une ou deux semaines après la rentrée, je suis tombée malade et j’ai donc arrêté mes études pendant un an. Mon père ne s’est pas découragé pour autant et l’année suivante il me réinscrivit à l’école avec ma petite sœur. Pendant le week-end, je pêchais avec mon père et cueillais des liserons d’eau pour les revendre. De plus, étant l’aînée, je devais m’occuper du ménage. J’étais trop petite pour donner de la valeur à l’éducation. Je ne voulais que manger. Ce qu’il fallait faire, c’était manger à notre faim.

En 2003, Mère a dépensé toutes nos économies pour ouvrir un bistrot, que nous avons fini par fermer, un an plus tard, tant nous nous étions endettés.

Un jour, mon voisina suggéré à mon père de demander à Enfants du Mékong de me parrainer. Grâce au parrainage, la situation de ma famille s’est améliorée. Je pus continuer mes études au collège. Mais à nouveau, les difficultés survinrent. J’ai eu du mal à me concentrer sur mes études, notamment parce que mon père a eu un accident de moto. Il s’est fait casser le bras gauche et il a été hospitalisé pendant un mois. Mes parents nous ont alors confiés à ma grand-mère. Nous n’avions presque rien à manger. Avant d’aller à l’école, je devais donner à manger aux cochons et faire la cuisine tandis que ma petite sœur prenait soin de mon petit frère. La situation familiale se dégradait, mes parents ne s’entendaient plus car mon père avait prêté de l’argent à un de ses proches, qui ne nous remboursait pas. Ma mère était en colère contre mon père.

 

Une jeune à Battambang, Cambodge ©AntoineBesson
Une jeune à Battambang, Cambodge ©AntoineBesson

Malgré tout, Enfants du Mékong a continué de me soutenir, tout au long de mes études. C’est en 2013 que j’ai décroché mon bac avec mention C et obtenu la bourse d’Enfants du Mékong pour poursuivre mes études universitaires à Phnom Penh. Aujourd’hui, je suis étudiante à l’Institut de Technologie du Cambodge. Au sein de mon département, toutes les matières sont enseignées en français. Je voudrais devenir ingénieur. C’est un métier bien rémunéré, je pourrai aider ma famille.

Pour terminer, je tiens à remercier mes parents qui m’ont donné naissance et qui me soutiennent inconditionnellement. Je voudrais aussi exprimer ma gratitude la plus profonde à Enfants du Mékong pour le parrainage, les matériels scolaires, leurs encouragements et leur sourire. Un grand merci à mes professeurs pour leurs enseignements et leurs conseils. Je voudrais également dire à tous les Khmers que c’est nous qui dessinons notre chemin et que la vie, c’est la persévérance. Le succès appartient à ceux qui le méritent. Touchez votre cœur en disant ce qu’il désire. »

 

 

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