« On se sent bien pauvres devant tant de besoins ! »

La trêve estivale n’existe pas… pour Sœur Rose et Sœur Quanh, nos responsables locales en charge de l’orphelinat de Tien An, dans le Delta du Mékong.

Sœur Quanh

 

 

Voilà plus de 30 ans qu’elles s’occupent des enfants sans relâche et permettent à 61 orphelins de vivre dignement, dans un esprit de famille et d’entraide.

« Ces enfants n’ont pas tant besoin de nourriture pour le corps, que de nourriture pour l’esprit, de notre affection et de notre attention particulière pour leur personne. Je ne saurais vous traduire ce que je ressens au fond de moi, mais j’abandonne chaque jour mon travail entre les mains du Seigneur tant la charge est grande. Il faut consacrer beaucoup de temps à chacun de ces enfants, pour qu’ils se sentent en sécurité avec nous. On se sent bien pauvre devant leurs besoins ! », témoigne Sœur Rose.

Cet été, certains enfants ont été confiés à quelques oncles et tantes ou grands-parents en mesure de les accueillir pour les vacances. Mais les deux tiers d’entre eux n’ont pas de proches et ne peuvent compter que sur la présence infaillible des sœurs.

Beaucoup d’enfants se sont retrouvés abandonnés aux soins de grands-parents trop âgés et dans l’incapacité de s’occuper d’eux : il arrive souvent que des parents ayant contracté des dettes importantes aient fui devant leurs débiteurs. D’autres sont en prison, comme la maman de Ngoc Hoa, une jeune fille de 13 ans, pour trafic de drogue. Des membres de sa famille l’avaient récupérée mais utilisée pour mendier dans la rue. Quant à Thi Yan, elle a réchappé des mains d’un réseau mafieux chinois, les mêmes qui ont séquestré sa sœur  après le décès de leur mère et alors que le papa devenu aveugle était dans l’incapacité de s’occuper d’elles. Autant de situations différentes que d’enfants qui trouvent à Tien An la paix, le réconfort et l’éducation propice à leur construction personnelle.

La rentrée venue, le rythme et l’organisation reprennent leur cours à Thien An : chaque jour, les enfants se lèvent à 5H30, se préparent et prennent leur petit-déjeuner. A 6H30, ils se rendent dans leurs écoles respectives. Etant donné qu’il n’y a pas assez de vélos pour chaque enfant, ils se mettent souvent à deux sur un même vélo. Pour soulager les responsables de l’orphelinat et les six éducatrices, certains enfants sont en demi-pension et déjeunent à l’école. Les autres rentrent déjeuner à l’orphelinat puis font la sieste. L’après-midi, les enfants font leurs devoirs et peuvent participer à différentes activités. Un professeur de musique leur enseigne le piano et la guitare et un second professeur leur apprend à se servir d’un ordinateur. Il arrive que les enfants bénéficient de cours d’anglais grâce à la présence de jeunes volontaires hollandais. Tous dînent à 18H, puis profitent de moments conviviaux entre eux, jusqu’à l’heure du coucher, à 21H.

Cette structure fonctionne notamment grâce aux parrainages collectifs d’Enfants du Mékong. Les religieuses en sont extrêmement reconnaissantes.