Le nouvel an Khmer

La légende dit qu’il y a fort longtemps, le Dieu à quatre visages, Preah Prom, rendit visite à Thomabal Komar, un jeune homme dont les échos sur son intelligence le rendaient curieux. Convaincu de son intelligence supérieure, le Dieu lui promit d’offrir sa tête s’il ne parvenait pas à répondre à la question : « Quels sont les trois actes qui apportent chance et réussite chaque jour » ? Dans l’impossibilité de répondre, le jeune homme s’enfuit, honteux, méditer sous un arbre. Dans cet arbre, deux aigles avaient eu vent de cette histoire et discutaient de l’homme qui allait mourir car il n’avait su répondre à la question simple de Preah Prom.

Cependant, Thomabal Komar trouva la réponse et retourna voir le Dieu pour la lui rapporter : pour réussir, l’Homme doit se laver le visage le matin, prendre une douche dans la journée et se laver les pieds le soir.

Preah Prom tint sa promesse et sa tête fut placée en haut du Mont Mérou, elle provoquerait alors l’apocalypse de la Terre. Depuis, chaque année, vers la mi-avril, une des douze filles du Dieu rejoint le Mont Mérou pour prendre soin de la tête de leur père. Chacune des filles représente un des douze animaux de la mythologie khmère. 

1- Mais qu’est-ce que le nouvel an Khmer ?

Le Nouvel An Khmer, appelé Chaul Chhnam Thmey en Khmer, se célèbre depuis la période d’Angkor, aux environs du IXème siècle. A l’origine, la fête marque la fin de la saison sèche et des récoltes, c’est pourquoi de nombreuses fêtes sont célébrées dans les villes et villages au Cambodge.

Cette fête religieuse, célébrée selon le rite bouddhiste, est la plus importante au Cambodge. A l’occasion du nouvel an, du 14 au 16 avril, cette fois-ci, le pays quitte l’année du coq pour entrer dans l’année 2562  (correspondant à l’année 2018) , celle du chien « Chhor » en signe astrologique khmer. Ainsi le calendrier khmer est « luni solaire » : calqué sur le cycle des lunaisons. Il commence avec Bouddha.

 

Le nouvel an marque la fin de la saison sèche et des récoltes ©Enfants du Mékong
                   Le nouvel an marque la fin de la saison sèche et des récoltes ©Enfants du Mékong

 

2- Des festivités réparties sur trois jours

Le premier jour, ou « Moha Sangkran », consiste à décorer sa maison pour recevoir la famille et les invités. C’est aussi l’accueil de la nouvelle divinité. Puis, les Khmers , dans leurs plus beaux habits se rendent à la pagode pour faire des offrandes (fleurs de lotus, brûler de l’encens) et recevoir la bénédiction des moines. Dans la rue, certains participent également aux jeux traditionnels khmers comme le Boh Angkunh, le Chaol Chhoung, le Leak Kansaeng et le tir à la corde.
Le deuxième jour, ou « Voreak Wanabat », est consacré à l’adoration et à la charité envers les moins fortunés. Les Khmers font aussi des cadeaux à leur famille et se rendent dans les pagodes pour honorer leurs ancêtres, où ils confectionnent des montagnes de sable pour rechercher la bénédiction des religieux.

 

Le troisième jour, ou « Thngai Laeung Saka », est celui de l’adoration. Il marque le début solennel dans la nouvelle année. C’est à cette occasion qu’a lieu la cérémonie du Pithy Sroang Preah qui clôt les festivités et qui permet de demander la bénédiction et la rédemption de ses pêchés. Les fidèles nettoient les statues de bouddha, les jeunes aspergent les passants d’eau, l’on invite les parents, les enfants expriment leur gratitude, et les bonzes présentent leurs vœux.

3-Le témoignage de Redy, ancienne filleule d’Enfants du Mékong

Redy, ancienne filleule et étudiante au centre d’Enfants du Mékong Sisophon au Cambodge, a gentillement accepté de nous livrer son sentiment sur le nouvel an Khmer. Elle nous confirme que ces trois jours du nouvel an sont surtout l’occasion de « se réunir en famille, avec le village, de jouer et de profiter des danses traditionnelles. »

Redy nous confie aussi qu’au troisième jour du nouvel an qu’elle décrit elle-même comme «la fête de l’eau», la tradition veut que « l’on arrose les passants et les habitants des villages voisins au bord des routes en signe d’accueil, de joie…..et aussi simplement pour se rafraîchir. »

Et ce n’est pas Juliette, salariée d’Enfants du Mékong au siège d’Asnières et originaire du Laos qui nous dira le contraire. En effet, Juliette a profité de la date ouverture du nouvel an au Laos (basé sur le même calendrier, également commun à la Thaïlande) c’est-à-dire le vendredi 13 avril 2018 pour arroser généreusement et dans la bonne humeur ses collègues tout surpris par la fraîcheur de ce cadeau.

 Le nouvel an au Cambodge est aussi pour ses habitants une occasion de rassemblement et de rencontre, spécialement chez les jeunes.

C’est le cas par exemple au Centre de Sisophon où les jeunes profitent de cette occasion avant les congés pour faire la fête en musique et avec de bons repas.

Vivant désormais en France, Redy continue néanmoins de célébrer le nouvel an. Désormais éloignée d’un contexte khmer, elle tient à se réunir avec ses compatriotes vivant aussi à Toulouse pour se rendre à la pagode de la ville, préparer les fleurs et l’encens pour les offrandes et ainsi perpétuer la tradition du nouvel an khmer.

 

Les jeunes de Sisophon se retrouvent pour danser et fêter le nouvel an ©Enfants du Mékong
        Les jeunes de Sisophon se retrouvent pour danser et fêter le nouvel an ©Enfants du Mékong

Parrains, marraines, donateurs et tous les amis et fidèles soutiens d’Enfants du Mékong, voilà donc le sens et le déroulé de l’une des fêtes les plus importantes pour nombre de filleuls vivant au Cambodge. N’hésitez pas à leur envoyer un petit mot à l’occasion ! Ils seront à coup sûr très touchés de ce geste.

Quant à vous tous qui n’avez pas encore la chance de soutenir des enfants dans les pays d’Asie du Sud-Est… nous avons besoin de vous ! N’hésitez plus et  lancez-vous : parrainez, donnez, aimez !

 

Comme Redy, Pauline Lacroix, ancienne bambou au Cambodge a aussi accepté de répondre à nos questions pour nous partager son expérience du nouvel an au Cambodge.

 

Pauline, peux-tu nous dire comment tu as vécu le nouvel an Khmer ? 

J’ai vécu deux nouvel an khmer. Le premier lors de ma mission au Cambodge où j’ai pu rendre visite aux familles des jeunes dont je m’occupais au centre a Phnom Penh. La deuxième fois fut lors d’un voyage pour rendre visite à ma filleule. La j’ai pu assister à là fête organisée par les étudiants et les Bambous au sein du centre Docteur Christophe Mérieux.

 

Quel sens cela avait-il pour toi de vivre cette fête avec un filleul d’Enfants du Mékong ?

C’est une forme d’immersion dans leur culture pour mieux la comprendre et partager un moment fort avec le filleul.

 

Quelles sont les pratiques ou rituels qui t’ont marquée ?

Les danses autour d’une chaise, la bataille d’eau et de poudre blanche, les chorégraphies de danse pour conter une des histoires du Cambodge.

 

 

Pauline et sa filleule lors du nouvel an Khmer ©Enfants du Mékong
                         Pauline et sa filleule lors du nouvel an Khmer ©Enfants du Mékong

 

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