La Covid dans nos pays d’action – Avril 2021
Un point sur la situation de la Covid-19 en Asie du Sud-Est
La pandémie continue et les pays d’Asie du Sud-Est, même s’ils sont moins touchés que l’Europe en nombre de cas, mettent en place des restrictions sévères en terme de déplacement et de quarantaine. Les écoles sont fermées et l’économie est au plus mal; De très nombreuses situations alarmantes nous ont été signalées. Nous essayons d’y répondre au mieux : nos projets se partagent entre aide alimentaire de survie et soutien contre le décrochage scolaire.
Si de nombreux défis liés à l’alimentation et à l’éducation sont déjà apparus; à plus longs termes, des problèmes politiques et économiques profonds se créent (augmentation des prix des produits agricoles de base, absence quasi-totale de tourisme …) et mettront des années à se résorber, creusant un peu plus chaque mois l’écart social déjà très important entre populations pauvres et riches. Selon les données de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS); le Vietnam, la Thaïlande, le Laos et le Cambodge ont été exceptionnellement efficaces pour contenir la propagation du virus. Seulement, nous voyons depuis le début d’année une seconde vague déferler sur l’Asie du Sud-Est avec une forte augmentation du nombre de cas dans la région. Parallèlement, le déploiement du vaccin se poursuit.
Au Cambodge
Beaucoup d’emplois précaires ont été durement touchés par la crise (ouvriers, tous le secteur du tourisme, travailleurs journaliers …). Nous avons soutenu 2 607 familles au Cambodge, qu’il s’agisse de familles d’enfants parrainés ou de familles d’enfants non parrainés. Depuis le début de l’année 2021, nous soutenons surtout des étudiants et des familles avec de jeunes enfants, par la distribution de nourriture et d’argent pour les aider à reconstruire leurs habitations.
Le Cambodge a signalé peu de cas, malgré la faiblesse des infrastructures sanitaires et la lenteur initiale de la réponse. La situation géographique du Cambodge a dû jouer un rôle, puisque le pays est entouré du Vietnam, du Laos et de la Thaïlande, qui ont tous relativement bien contrôlé le virus. Le Cambodge fait partie des pays où l’on s’inquiète de voir les gouvernements utiliser la COVID-19 comme prétexte pour prendre de nouvelles mesures répressives (surveillance, contrôle des médias, restrictions de la liberté de réunion).
Au Laos
Malgré son système de santé quasi inexistant, le Laos a évité une épidémie majeure. La géographie et la démographie peuvent être des facteurs importants : le Laos est peu peuplé et entouré de voisins qui ont réussi à contenir le virus relativement bien. Cependant, la nature opaque de son système politique et de l’environnement médiatique du pays a entraîné une certaine incertitude quant à certains aspects de sa réponse.
En Birmanie
La Birmanie est le pays dans lequel nous mettons le plus de projets en place, répartis entre aide alimentaire et lutte contre le décrochage scolaire. En effet, les responsables locaux se démènent pour aider les populations locales, qui ajouté à la pandémie, doivent faire face au coups d’état (1er Février 2021) et à ses retombées économiques.
Jusqu’au mois d’août, la Birmanie avait maintenu un nombre de cas parmi les plus bas de la région, mais le taux d’infection s’est rapidement accéléré au cours des derniers mois. En plus du sous-développement du système de santé du pays, le coup d’État du 1er février complique la réponse du pays au Covid-19. En effet, de nombreux travailleurs de la santé de première ligne ont cessé de travailler et ont rejoint des milliers de citoyens dans des campagnes de désobéissance civile pour protester contre le régime militaire. Les prix des denrées alimentaires et des carburants ont grimpé en flèche après le coup d’État, les coupures d’Internet et les répressions violentes mettent à mal une économie déjà affaiblie par la pandémie. La Covid-19 a également mis en évidence le grave manque de protection de certains groupes de population, notamment les centaines de milliers de personnes déplacées en Birmanie dans le cadre du conflit ethnique en cours.
Aux Philippines
Les Philippines sont, après l’Indonésie, le pays d’Asie du Sud-Est qui compte le plus de cas de Covid-19 officiellement déclarés. Depuis Mars, les nouveaux cas ont augmenté de façon vertigineuse. Des protestations contre les pertes d’emploi et les pénuries alimentaires ont éclaté dans tout le pays, alors même que le gouvernement réprime la dissidence. Bien qu’elle ne soit pas surprenante, la réponse de Duterte pendant la pandémie – avec des déclarations comme celle de tirer à vue sur les contrevenants qui ne respectaient pas le confinement – et son obtention de pouvoirs d’urgence ont compliqué la façon dont la réponse du gouvernement est perçue. Et les protestations de certains segments de la population, notamment les habitants des bidonvilles, ont mis en évidence le manque de protections sociales.
En Thaïlande
Le nombre de cas en Thaïlande est resté faible jusqu’à une récente propagation, à laquelle le pays a bien fait face. Toutefois, il devrait subir les pires conséquences économiques de la région en raison de sa dépendance écrasante à l’égard du tourisme et des exportations. Cette situation a contribué aux manifestations pro-démocratie à Bangkok. Le gouvernement a réprimé les manifestations, invoquant le risque accru de propagation de la Covid-19. On craint que le gouvernement thaïlandais, dirigé par l’armée suite à un coup d’État en 2014, n’utilise ses pouvoirs élargis pour censurer la presse et supprimer les opposants. La controverse concernant la monarchie s’est elle aussi poursuivie, le roi étant apparemment en auto-isolement dans un hôtel somptueux en Allemagne.
Au Vietnam
Le Vietnam a été la plus grande réussite de la région. Malgré des ressources limitées et une frontière très fréquentée avec la Chine, le Vietnam a réussi à contenir la pandémie. L’économie vietnamienne a étonnamment bien résisté ; c’est la seule nation d’Asie du Sud-Est qui devrait encore connaître une croissance économique positive en 2020. Cependant, la réponse du gouvernement a intensifié les craintes existantes quant aux implications pour la démocratie et les droits de l’homme, avec des arrestations suite à des dénonciations calomnieuses et une surveillance accrue des activistes.