Des enfants pas comme les autres

Tous les vendredis, retrouvez « L’Espérance au coeur », la chronique d’Enfants du Mékong par Antoine Besson, journaliste et rédacteur en chef du magazine ‘Asie Reportages‘.

« Bonjour chers auditeurs, je suis actuellement à Luang Prabang au confluent du Mékong et de la Nam Khan. C’est l’une des villes historiques de l’Asie. Habitée depuis des milliers d’année, Luang Prabang était la capitale royale du Laos jusqu’en 1975. Entourée de montagnes majestueuses, c’est là, au milieu des temples bouddhistes et des hôtels touristiques que se trouve l’école « spéciale » des sœurs de la Charité.

Comme son nom l’indique, c’est une école qui ne ressemble à aucune autre. Une école silencieuse où étudient une soixantaine de jeunes sourds-muets. C’est l’une des très rares écoles du Laos qui accueillent ces enfants. Il n’en existe qu’une seule autre dans tout le pays…

C’est ma troisième visite dans cette école que j’affectionne tout particulièrement. Depuis 5 ans, je vois les choses évoluer de manières très positives. Les ateliers de formation professionnelle se structurent au fur et à mesure offrant à ces jeunes des débouchés nouveaux là où autrefois la plupart d’entre eux n’ont connu dans leur village que le rejet ou l’indifférence. Quelle place peut se faire un sourd muet dans des villages où bien souvent encore la transmission ne se fait qu’à travers la tradition orale ?

Ces jeunes qui viennent de toutes les provinces du Nord du Laos arrivent à l’école entre 7 et 14 ans. Il faut voir la soif d’apprendre et la joie qu’ils dégagent quand enfin ils découvrent une manière de communiquer à travers le langage des signes lao. Quand enfin ils peuvent mettre des mots sur leurs émotions, sur ce qu’ils ressentent !

Mais plus important encore, ces enfants qui me confiaient hier encore leur honte de ne pas être comme les autres et leur crainte des personnes de l’extérieur de l’école qui bien souvent malheureusement profitent de leur faiblesse, trouvent ici un vrai foyer où ils sont aimés et en sécurité. Ou ils peuvent aimer a leur tour et se livrer, enfin être eux-mêmes, sans peur et sans honte.

A cet égard il y a une anecdote que j’aimerais vous raconter. Je discutais avec une jeune fille de 14 ans qui apprend ici le tissage en plus de ses cours. Nous lui cherchons actuellement un parrain ou une marraine et je voulais un peu mieux la connaître. Je lui ai demandé quand est ce qu’elle allait retrouver sa famille : elle habite dans le Nord du pays à Houa Phan à une journée de voiture de Luang Prabang. Sa réponse a fait pleurer la soeur Vong qui me traduisait ses signes. Car la petite m’a tout simplement dit : «Je retrouve ma famille à 16h en rentrant de l’ecole ». Dans son esprit : ce foyer c’est sa nouvelle famille !

Alors oui ! Je crois sincèrement que cette école est « spéciale » ! Pas tant pour les enfants qu’elle accueille que pour les liens qui s’y tissent et l’amour qui y règne. »

Antoine Besson

 

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