La belle histoire de Hom Nguyen

Vendredi 6 octobre, Antoine Besson nous raconte sa rencontre bouleversante avec l’artiste peintre Hom Nguyen, Vietnamien, ancien enfant des rues.

Découvrez sa chronique juste ici :

« Il y a des rencontres qui nous font grandir. En début de semaine, j’ai rencontré un homme qui est devenu un ami. Un homme connu au hasard de mon travail pour Enfants du Mékong. Un homme qui m’a raconté son histoire triste avec un grand sourire. Orphelin de père, il a vécu avec sa mère paraplégique durant des années. La vie ne l’a pas épargné. Fils de migrants vietnamiens, fils d’une femme que le handicap a privé de sa liberté de mouvement puis de la parole, Hom Nguyen a grandi dans les rues de Paris. Il s’est forgé son caractère au contact de la gouaille et a aiguisé son regard dans les marchés de la capitale. Il a survécu pendant plus de 30 ans avant de réaliser son rêve : peindre. Un rêve qui l’a propulsé au sommet où il peut enfin s’accomplir dans son art.

 

Hom Nguyen dans son atelier ©Antoine Besson

Pourtant Hom n’a pas perdu pied. C’est un enfant de la rue et il le reste. Bien sûr, il vit aujourd’hui de son art et expose dans les musées les plus prestigieux mais lorsque nous nous sommes retrouvés chez Enfants du Mékong, son émotion était palpable. La nôtre aussi. C’est un homme qui vit la rencontre à fond comme ses œuvres le laissent transparaitre. Un homme humble qui n’a pas oublié. Il n’a pas oublié les souffrances de sa mère dont il était le spectateur impuissant. Il n’a pas oublié les générosités de ceux qui lui ont tendu la main quand ils savaient ne rien pouvoir attendre en retour. Il n’a pas oublié l’incroyable intensité de la vie quand on n’a rien et qu’on le partage. C’est ce témoignage qu’il nous a livré dans le dernier magazine d’Asie Reportages. Un témoignage simple et généreux à son image. Parce que si Hom parle de lui aujourd’hui, ce n’est pas pour se vanter de son parcours mais pour nous rappeler qu’en chaque enfant laissé sur le bord du chemin par la marche du monde, il y a un rêve et l’énergie folle qui lui permettrait de le réaliser. Il nous rappelle que lorsque l’espoir disparait, la vie disparait avec lui. Il nous rappelle que l’éducation a un vrai pouvoir : « l’éducation, c’est ne pas permettre que des enfants soient mis de côté parce qu’ils sont pauvres ou pour tout autre raison. »

Dans les yeux de Hom l’autre jour, j’ai vu briller une lumière que j’ai déjà croisé de nombreuse fois sur ma route. Celle du feu qui anime chacun de nos filleuls  ces enfants qui ont soif et faim autant de pain que de connaissances mais surtout qui ont envie de vivre pour montrer qu’ils sont bien plus qu’une ombre sur un trottoir dans la rue ! « Le petit pauvre fait avancer le monde ! »

 

Antoine Besson pour Enfants du Mékong

Hom Nguyen dans son atelier ©Antoine Besson