Soutenir les classes informelles en Birmanie

Progression : 11%

22 055 € sur un objectif de 200 000 €

Ecole informelle : Un moyen de sauver les jeunes de la guerre civile

Pallier les carences du système éducatif birman, grandement fragilisé depuis plus de 2 ans, entre crises sanitaire et politique

 

L’objectif de ce projet est de soutenir des classes informelles et alternatives, en marge de l’école publique, pour pallier le système scolaire gouvernemental à l’arrêt depuis le coup d’état militaire du 1er février 2021 et la grève des professeurs qui s’en est suivie.

Le retrait des investissements étrangers et les sanctions économiques entrainent une vague de pauvreté et un retour à un niveau de développement d’avant l’ouverture du pays en 2005. Il est vraisemblable que la situation actuelle sans espoir de résolution immédiate va se poursuivre.

Depuis début 2021, les professeurs font grève, et les jeunes refusent de se rendre à l’école du système militaire, en signe d’opposition à la junte. Cette grève des élèves a pris la suite des restrictions sanitaires liées à la Covid pendant l’année 2020 ; ainsi, à ce jour, cela fait plus de 2 ans que les jeunes n’ont pas été en cours.

Pour répondre au décrochage scolaire, au désœuvrement des jeunes, et éviter qu’ils soient confrontés à divers fléaux (mariage précoce, trafic humain, travail illégal ou recrutement des armées), de nombreux acteurs locaux mettent en place des classes informelles avec des professeurs volontaires pour les jeunes.

QUELQUES CHIFFRES

  • Fermeture des écoles depuis le mois d’août 2020 à cause de la crise sanitaire
  • Grève massive des enseignants à partir du coup d’état de février 2021 : 35% des effectifs démissionnent
  • Réouverture officielle des écoles décrétée en novembre 2021 par les militaires
  • Seulement 42% des élèves reviennent sur les bancs de l’école, par peur des militaires qui encadrent les établissements, ou en signe de résistance pour ne pas cautionner le régime
  • 7,5 millions de jeunes sont privés d’instruction pour l’année scolaire 2022 2023

Conséquences du contexte socio-politique sur la jeunesse birmane

  • Décrochage scolaire et désœuvrement : exposition à divers fléaux (travail d’enfant, mariage précoce, vulnérabilité face à la drogue, etc…)
  • Exposition à divers réseaux et trafics (prostitution, travail forcé, dans les zones frontières ou à l’étranger en particulier) : avec la crise économique, les jeunes n’ont d’autre choix que de chercher à tout prix à travailler pour gagner leur vie et aider leur famille.
  • Enrôlement de force dans l’armée birmane ou volontaire dans les groupes de civils armés pour se battre contre les militaires
  • Perte d’enthousiasme, désespoir face aux incertitudes de l’avenir
  • Traumatismes de la guerre : les jeunes sont profondément perturbés par le contexte et les situations auxquelles ils assistent
  • Les lycéens constituent une génération « perdue », n’ayant pas pu terminer leurs études
  • Impossibilité de suivre des cours en ligne : les zones de guerre sont privées d’électricité et de réseau

 

 

OBJECTIF DU PROJET

 

Nouvelle étape : Juin – décembre 2023

  • 120 lieux concernés
  • 22 368 enfants bénéficiaires / élèves
  • 1095 professeurs
  • 20 élèves par professeur en moyen
  • 50 000 kyatts (20€) par professeur par mois

Les classes informelles sont des initiatives locales menées par les communautés, en réponse à l’absence d’école depuis le coup d’état, et au boycott de l’école publique par les enseignants et les parents.

  • Ces classes informelles sont à l’initiative de divers acteurs locaux et sont coordonnées au niveau national par la branche éducation de l’Eglise birmane.
  • Elles sont implantées dans tous les lieux où l’école publique ne peut plus fonctionner, en particulier dans les zones de guerre (Etat Kayah, Shan sud et Karen; Etat Chin). Les cours sont données dans les camps de personnes déplacées par la guerre ; halls de paroisses ou de villages ; dans les foyers, chez l’habitant; etc
  • Les enseignants sont des anciens professeurs à la retraite ou ayant démissionné depuis le coup d’état, des étudiants en études supérieures ou encore des responsables d’internat. Ils sont payées 55 €, soit 2 à 3 fois moins qu’un salaire normal.
  • Le matières enseignées sont les matières académiques (langue birmane, mathématiques, histoire, etc…); un certain nombre d’écoles suivent plus précisément les cours du gouvernement en exil (NUG).
  • En complètement, des activités éducatives et d’accompagnement sont proposés, afin de développer la résilience des jeunes face au traumatisme de la guerre.

Les points forts de ces écoles :

  •  Instruire les jeunes et continuer de les éduquer, afin qu’ils puissent reprendre le cursus scolaire lorsque la situation politique se normalisera
  •  Protéger les jeunes des divers fléaux liés au désœuvrement. Les premiers exposés sont les plus vulnérables : enfants de villages déplacés, sans repère, ayant fui la guerre
  • Protéger les plus âgés des recrutements forcés dans l’armée birmane, ou de l’enrôlement dans la résistance armée au risque de leur vie
  • Donner à la jeunesse birmane des raisons d’espérer, de croire en l’avenir, et de se rapprocher d’une vie d’enfants/adolescents lambdas
  • Permettre la réintégration des jeunes dans l’école publique, selon le cursus du gouvernement dissident (NUG), lors du « retour à la normale » du pays
Une classe informelle dans la forêt birmane
Mrs Lucrecia Responsable principale du projet des classes informelles

TEMOIGNAGE

« L’éducation est l’une des armes les plus importantes pour réformer pendant et après la crise. Au cours des années 2016 – 2022, le gouvernement de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) a réformé et apporté des changements fondamentaux à l’éducation dans tous les secteurs après que l’armée ait aboli le meilleur système éducatif que le Myanmar ait jamais eu. […] L’éducation a commencé à être réformée et restaurée. Cependant, les étudiants, de l’école maternelle à l’université ont dû interrompre leurs études en 2020 en raison de la pandémie mondiale et du coup d’État militaire. Ainsi, cela fait déjà plus de deux ans que les enfants n’ont pas pu accéder à l’éducation […] en particulier les enfants des zones rurales et éloignées. En réponse au besoin d’éducation, l’Église catholique, d’autres organisations confessionnelles et des organisations non gouvernementales ont mis en place des programmes d’éducation. Ces organisations se sont engagées pour que les enfants puissent enfants puissent poursuivre leur éducation, qu’elle soit formelle, informelle ou non formelle. Les enfants apprennent au moins quelque chose là où ils se trouvent »

Les classes informelles : la réalité terrain en images

 

Mme Lucrecia, une des responsable locale pour Enfants du Mékong en Birmanie, est en charge de toutes les initiatives éducatives lancées par l’assemblée des évêques birmans. Formée aux Philippines, et en poste depuis plus de 10 ans, elle connaît parfaitement l’Eglise birmane et les correspondants locaux qui prennent ces différentes initiatives.

Elle connaît bien aussi le terrain, les acteurs et les enjeux de l’éducation en Birmanie. C’est une femme déterminée qui sait coordonner des actions d’ampleur. Enfants du Mékong a déjà mené avec elle différents projets et l’a fait intervenir comme formatrice auprès de responsables locaux : elle est un partenaire de confiance et un pilier de notre action en Birmanie.

Violaine Janssen
Violaine Janssen Relation donateurs et bienfaiteurs, responsable projets Contact