Aidez les écoliers Karen et Karenni

Entre plaines fertiles et jungles insondables, au coeur du triangle d’or, les états Kayah et Karen sont en conflit ouvert depuis plusieurs décennies avec le gouvernement birman. Enfants du Mékong tente de soutenir l’éducation, seule porte de sortie à cette impasse géopolitique.

Bienvenue en terrain karen

Karen, Kayah… tout comprendre en 4 minutes, avec Mathilde [ Chargée de pays Birmanie ] :

 

Une famille Karen devant leur maison.

Imaginez un village, sans eau ni électricité.

Un village au cœur de la jungle, en haut d’une montagne. Un village accessible par une piste en terre, se transformant en coulée de boue à la saison des pluies, gardée par quelques soldats de la milice locale. Imaginez enfin, au milieu des militaires et des paysans, entre les maisons en bois et les plaques de tôle, des dizaines d’enfants, courant vers vous en riant.

Bienvenue dans les états Karen (ou Kayin) et Kayah (ou Karenni), deux petits états birmans à la frontière Thaïlandaise. Depuis les années 50, ces états se battent contre la junte birmane pour plus d’indépendance et pour une reconnaissance de leurs droits comme citoyens à part entière.

Oubliés du développement, les habitants de la région vivent principalement de l’agriculture : riz, légumes, et arbres fruitiers.

Les familles sont très nombreuses, souvent plus de 7 enfants. Beaucoup de familles cultivent à peine assez pour nourrir leurs enfants. De plus, l’appauvrissement des sols entraîne une baisse des récoltes. La culture sur brulis est de plus en plus présente, et les sols sont laissés toujours moins longtemps au repos. L’intensification des cultures entraine une chute de la productivité des terres.

Un champs de pavot dans l’état Kayah

Certaines familles font alors le choix de chercher un hypothétique travail dans les villes de la région (Mobye, Loikaw) ou à l’étranger. D’autres travaillent dans les mines de tungstène dans des conditions très difficiles et parfois dangereuses. Certains enfin se tournent vers le trafic de drogue. La région est en effet aux portes du « Triangle d’or », une zone de trafics entre la Birmanie, la Thaïlande, le Laos et la Chine. Les cultures de pavot fleurissent un peu partout, pour produire Yaba ou héroïne, deux drogues hautement addictives et aux effets dévastateurs sur la santé mentale et physique.

Mieux connaître les états Karen et Kayah

Un patchwork ethnique

Le drapeau karen flotte fièrement sur le village

 

Les états karen et kayah regroupent plusieurs minorités ethniques ou groupes ethniques : karens, Shan, Po-O, Mon, Karennis (ou Karen rouges), etc. Chaque ethnie possède sa langue, et revendique une culture forte.

Conséquence sur l’éducation : les enfants ne parlent et n’écrivent pas le birman. Il leur est donc impossible de rejoindre l’école publique birmane, et encore moins le collège ou le lycée.

Autre conséquence forte : les revendications d’indépendance de ces ethnies poussent le gouvernement birman à les laisser à la marge. Il existe donc une ségrégation, rendant difficile voire impossible l’accès à certains poste pour des karens ou karennis. Depuis le coup d’état de février 2021, cette zone est aussi au cœur de nombreux conflits armés et exactions de la Tatmadaw, la toute puissante armée birmane. C’est dans l’état Kayah qu’a par exemple eu lieu le massacre du 24 décembre, ou 35 civils ont été retrouvés calcinés dans un bus la veille de Noël.

Conséquence sur l’éducation : les enfants ne parlent et n’écrivent pas le birman.

Un désert éducatif

Pas ou peu d’investissements du gouvernement, cela signifie aussi peu d’écoles, de collèges et de lycées. Certains enfants habitent à plusieurs heures de marches de la première école publique. Et que dire de ceux qui vivent dans des villages isolés, en pleine jungle ou dans les zones les plus montagneuses, ralliées seulement par une piste de terre ?

A ce manque d’infrastructure s’ajoute un manque d’intérêt pour l’école. Beaucoup de parents ne savent ni lire ni écrire. Pour ceux issus d’une minorités ethnique, ils ne parlent même pas le birman, langue nationale du pays dans laquelle sont dispensés les cours de l’école publique.

Comment imaginer qu’un enfant puisse aller à l’école si ses parents n’y sont jamais allés, si les cours sont donnés dans une langue qu’il ne comprend pas, s’il lui faut faire plusieurs heures de marche pour s’y rendre et si sa famille, déjà très pauvre, doit acheter un uniforme, des livres, et du matériel à renouveler chaque année ?

Des enfants partent travailler aux champs avec leurs parents. Pas d’école pour eux.

DES SOLUTIONS EXISTENT

 

Un foyer d’étude à Mu Traw, petit village dans la jungle birmane

Les familles fuient les conflits et sont contraintes d’abandonner leur logement, voir leurs enfants ?

Le KWO (Karen Women Organization ou Association des Femmes Karen) créée des écoles, des foyers et des orphelinats pour accueillir tous les enfants, quelle que soit la situation. Voilà comment, malgré la guerre et les exactions du gouvernement, les enfants continuent d’apprendre : dans des foyers, dans les camps de réfugiés, dans les orphelinats. Soutenez le foyer de Mu Traw, un lieu d’exception géré par les femmes karens.

Je parraine le foyer de Mu Traw

Pas d’électricité ? Les jeunes étudient à la bougie.

Enfin, face à l’éloignement de l’école et malgré l’isolement des villages, le diocèse de Taunggu a créé des dizaines de petits internats, dans lesquels les enfants et adolescents peuvent dormir en sécurité et suivre des cours. Ces foyers ont un confort très sommaire. Souvent pas d’électricité, peu d’entre eux ont l’eau courante, et certains ne servent que 2 repas par jour. Mais ce sont des lieux joyeux, studieux, et surtout sûrs : un critère ô combien important dans un pays qui s’enfonce chaque jour un peu plus dans la guerre civile. Permettez aux foyers du diocèse de Taunggu de poursuivre leur mission éducative.

Je parraine les foyers autour de Taunggu

Les élèves de Sisong ! ©Aymerick Prost

Les jeunes des grandes villes sombrent dans la drogue, le désœuvrement et la misère ?

Assumpta, une professeure dynamique formée à la psychologie et aux méthodes Montessori, a construit un collège et lycée avec Enfants du Mékong. Elle y forme des professeurs, enseigne, organise des camps d’été pour tous les enfants pauvres de la région. Malgré la guerre et la misère, cette femme d’exception ne perd jamais espoir et a toujours des projets. Aidez Assumpta à mener ses projets pour l’éducation dans le village de Sisong !

Bonne nouvelle : Ce programme de parrainage est déjà complet !

Le parrainage sert aussi à acheter des produits de première nécessité. Ici Eh TWa notre responsable distribue des sachets de viande frite. Elle a malicieusement ajouté des biscuits pour le goûter des enfants.

Malgré ce tableau assez noir, des solutions existent ! Partout dans l’état Karen et Kayah fleurissent les initiatives pleines d’espérance.

Le gouvernement ne construit pas d’écoles ?

Eh Thwa, une courageuse mère de famille, monte une école clandestine en pleine jungle. La solution fonctionne, d’autres l’imitent. En quelques années, c’est un réseau de 34 écoles qui est créé, permettant, avec le soutien d’Enfants du Mékong, de scolariser plus de 3.000 enfants.

Je découvre le réseau des écoles karens*

*Ce programme de parrainage collectif est complet

Donnez aux enfants birmans la chance d’aller à l’école, malgré la guerre en Birmanie.

Pour offrir les meilleures chances aux enfants et à leurs familles, notre association propose deux types de parrainage :

-Par un parrainage individuel, vous soutenez un enfant karen en lui permettant d’aller à l’école. L’argent que vous lui envoyez lui permet d’acheter les livres, l’uniforme, le matériel scolaire, et aide sa famille à acheter des produits de première nécessité (principalement du riz). Vous échangez des lettres avec votre filleul(e) et le soutenez ainsi moralement.

-Par un parrainage collectif, vous soutenez un groupe d’enfants, une structure : foyer d’étude, école dans la jungle, orphelinat… Vous n’échangez pas de lettres, mais recevez chaque année des nouvelles du foyer soutenu, et le voyez ainsi grandir, évoluer. Votre parrainage permet à des dizaines d’enfants d’aller à l’école malgré la situation du pays.

Je parraine
Naw Hsa Ree Dah Filleule karen

Je m’appelle Naw Hsa Ree Dah. J’étudie en grade 11 (l’équivalent de la 1e). J’ai 9 frères et sœurs. Mes parents ne pouvaient pas tous nous envoyer à l’école car ils avaient besoin d’aide aux champs. Ils ne se reposent jamais et n’ont pas vraiment le temps de s’occuper de nous. Ils ont aussi très peur des soldats de l’armée Birmane qui viennent et détruisent les récoltes. D’ailleurs, tous les villageois sont toujours très inquiets. Lorsque nous entendons que l’armée est sur le point d’arriver, nous sommes obligés de cacher notre matériel et notre nourriture. J’ai déjà dû fuir et me cacher dans la jungle avec toute ma famille pour échapper à l’armée. Je suis très contente de pouvoir venir vivre dans les dortoirs de KWO (Karen Women Organization, Association des femmes Karen) et de pouvoir continuer mes études. Lorsque je suis ici, je n’ai pas à craindre pour ma sécurité et les enseignants s’occupent très bien de nous. J’espère que KWO continuera de s’occuper de nous et des dortoirs car cela est vraiment important pour nous. Je resterai ici jusqu’à la fin de mes études, et ensuite je travaillerai pour la communauté et pour aider mon peuple. »

En quoi le parrainage est une solution qui fonctionne ?

Découvrez le parrainage et comprenez comment devenir marraine ou parrain dans cette courte vidéo.

Je parraine !

D'autres parrainages en Birmanie