Matthieu : volontaire aux premières loges d’une tragédie
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Au voyageur étranger qui s’aventure à Rangoun, l’ancienne capitale de la Birmanie, deux anomalies pourraient bien sauter aux yeux. La première, l’absence de motos dans le centre de la mégapole. Elles y sont interdites. La seconde : la plupart des voitures roulent à droite mais sont également équipées d’un volant… à droite ! Deux énigmes fascinantes qui résultent d’une combinaison d’histoire, de politique et de pratiques locales.
C’est en 2003 que les autorités de Rangoun décrétèrent de manière aussi soudaine que radicale, l’interdiction de la circulation des motos dans toute la ville. Ce bannissement s’est imposé sans explications officielles claires, laissant libre cours à diverses théories et interprétations.
L’une des hypothèses les plus courantes, souvent racontée par les habitants de la ville, suggère que cette interdiction résulte d’un accident impliquant un haut responsable du gouvernement militaire, renversé par un motocycliste. Les militaires de la junte toute puissante à l’époque auraient considéré la moto comme une arme permettant des attentats dont il est difficile de se prémunir. Ils auraient préféré l’interdire.
Une autre explication avancée est liée à des questions de sécurité publique. Les motos, bien qu’économiques et pratiques, sont aussi associées à des accidents graves et à une recrudescence des vols et des actes criminels. En interdisant leur utilisation, les autorités auraient cherché à réduire ces problèmes. Enfin, certains y voient une tentative d’éviter un encombrement excessif sur les routes de Rangoun, déjà congestionnées par le trafic automobile.
Un trafic qui souffre d’une autre particularité propre au pays. Comme d’autres anciennes colonies britanniques, la Birmanie a longtemps conduit à gauche, avec des véhicules adaptés ayant leur volant à droite. Cependant, en 1970,
le dictateur Ne Win a décrété un changement abrupt vers la conduite à droite. Plus cartésienne, une autre théorie évoque une volonté de rompre avec l’héritage colonial britannique. Mais si le sens de circulation a soudainement changé, les véhicules, eux, ont continué d’être importés avec un volant à droite, principalement depuis le Japon, où ce type de configuration est standard. Cette incohérence crée une situation unique : les conducteurs doivent naviguer sur des routes où les dépassements et la vision latérale sont souvent compliqués. Malgré ce désavantage évident, la Birmanie n’a pas encore adopté de règles strictes pour imposer des véhicules à volant à gauche.
Ces deux singularités font de Rangoun une ville unique dans le paysage asiatique rappelant combien les infrastructures de transport sont influencées par des facteurs souvent irrationnels ou imprévisibles. À sa façon, l’ancienne capitale, avec son urbanisme singulier, reflète les paradoxes et les évolutions de l’histoire contemporaine de la Birmanie.
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