Exposition : Des regards tournés vers l’Asie – Isabelle Carme et Patrice Hieu

Lorsqu’Isabelle Carme prend la parole, ce sont d’abord les roches et le soleil du pays de Cocagne qu’on entend. Pourtant, ce n’est pas tant les paroles qui ont marqué cette marraine depuis 22 ans, aujourd’hui déléguée du Tarn, mais plutôt des regards. Tout commence par celui de ses filles de 5 et 7 ans, qui interrogent le monde et se révoltent. « Je sentais chez elles un désir de s’engager que je voulais accompagner. Lorsqu’on croisait dans la rue un mendiant, elles ne comprenaient pas qu’on ne puisse pas l’héberger. »

Cette étincelle, elle souhaite la cultiver, la faire grandir. Elle désire surtout montrer qu’un engagement est une action sur le long terme et réalisable en famille. C’est alors qu’intervient un autre regard, celui d’une marraine d’Enfants du Mékong, qui rentre d’Asie où elle a rendu visite à son filleul. Isabelle la rencontre par hasard : « Elle avait vu, elle était mon témoin ! » Isabelle commence à parrainer au Vietnam et découvre la joie d’être au service des enfants et de l’action d’Enfants du Mékong. Une joie, dit-elle « qui manquait à ma vie ».

Un dernier regard achèvera de la convertir : celui d’une volontaire Bambou de retour d’un an de mission en Thaïlande, Véronique Hochet. « On voyait à son regard qu’elle était encore présente auprès de tous les enfants qu’elle avait côtoyés et qui avaient besoin de nous. » C’est ainsi qu’elle se lance pour devenir déléguée en région. « À chaque fois que je trouve un parrain ou une marraine, j’ai cette pensée pour le grand-père, la grand-mère, le père ou la mère qui aura un poids en moins parce que quelqu’un lui aura tendu la main.»

Être un maillon, voilà ce qui anime Isabelle : « Une délégation ce n’est pas un délégué mais un ensemble de bénévoles et chez nous, les bénévoles ont plein d’idées ». C’est ainsi qu’est né le projet qui mobilise toute son énergie ces derniers temps : une exposition d’une qualité extraordinaire qui présente la diversité des cultures ethniques du Vietnam, grâce à l’investissement d’un parrain, Patrice Hieu. Lui-même d’origine vietnamienne, il a retrouvé les aquarelles d’un grand-oncle : des portraits saisissants.

Rehaussée d’une collection de costumes H’mong, Jarai, Dao, Lahu… l’exposition est devenue un projet fédérateur et l’occasion pour ce parrain de redécouvrir l’histoire de ses origines. « Nous côtoyons tous les jours des parrains et des marraines qui aiment l’Asie, qui ont une histoire avec ce continent et qui ont envie d’agir pour les enfants. Chacun d’entre nous est un petit maillon. Mais ces maillons sont indispensables car, sans eux, la chaîne casserait. »