PARTIR POUR CRÉER
Pour fuir cet enfermement, j’ai dit à mes parents que je partais faire une année sabbatique et que, lorsque je reviendrais, s’ils le voulaient, je me marierais. Pour éviter que mes parents puissent me rendre visite, j’ai choisi de partir le plus loin possible, en Europe. J’ai choisi la France parce que j’aimais entendre le français bien que je n’en comprisse pas un mot. C’était un défi supplémentaire ! J’avais envie d’apprendre cette langue, comme on commence un tableau vide, blanc. Je suis arrivée et j’ai d’abord fait un autre métier : j’ai appris la bijouterie, la joaillerie et l’orfèvrerie. J’ai pratiqué pendant 15 ans, sans cesser de peindre à côté, mais sans oser exposer.
Ma première exposition a eu lieu en 2016 dans un petit salon, juste trois tableaux. Puis j’ai vendu mes premières toiles et commencé à vivre de mes œuvres. Alors je me suis demandé : « À quoi sert l’art ? « . Je crée depuis toute petite par goût, je me suis laissé guider par mes rêves et voilà. J’en suis arrivé à cette certitude que l’art n’est utile qu’à celui qui crée. Il lui permet de partager son plaisir, ses rêves et donner de l’espoir au reste du monde. D’ailleurs j’ai beaucoup de tableaux qui sont peints avec une dominante de bleu, car je crois que le bleu représente la couleur des rêves.
Je me souviens d’être allé visiter le Cambodge en 1999. Une image marquante de ces petits enfants vendant des bracelets dans les rues m’est restée. Ça m’a beaucoup touchée, car en France ou en Corée, je suis habituée à voir les enfants de cet âge à l’école. Ces enfants-là n’y allaient pas. Ils vendaient des babioles en plein jour pour gagner un peu d’argent pour survivre. Je me souviens que nous avions apporté des médicaments et des cahiers pour les enfants.